Accusé d'avoir détourné des logements, le maire rejette la responsabilité sur l'Opgi. Les locataires du bidonville El-Khroub de Oued Ouchaieh (commune de Bachdjarah) sont révoltés de se voir écarter de la liste des attributaires de logements (39 logements RHP) qui leur étaient destinés. «23 élus de la commune ont bénéficié de logements parmi les 39 entrant dans le cadre du programme de Résorption de l'habitat précaire (RHP).» «L'APC a reconfiguré le projet en participatif pour faire bénéficier les élus au détriment des citoyens nécessiteux ne pouvant pas débourser les quelque 30 millions de centimes exigés, pour l'acquisition de ces logements.» L'association Mohamed-Boudiaf, par la voix de ses membres, a adressé des correspondances à diverses instances de l'Etat pour dénoncer, ce qu'elle appelle «un abus de pouvoir des autorités locales». Contacté par nos soins, le président de l'APC de Bachdjarah s'est déclaré surpris par ces accusations et nous a affirmé être loin de cette prise de décision qu'il a attribuée «à la Direction du logement (DL), laquelle a pris cette décision à la suite du surcoût généré (environ 120 millions de centimes le logement) par le retard accusé par les organismes en charge du projet», ajoutant: «Le projet, initialement social, a été reconfiguré en promotionnel depuis une année et demie; à la suite de cette décision, nous avons convoqué les membres de l'association Mohamed-Boudiaf aux fins de les faire bénéficier en premier avec la condition de verser 30 millions de centimes à titre de participation.» Questionné sur les raisons qui ont poussé l'APC à ne pas distribuer les logements réceptionnés en 1996, le maire affirme «ne pas avoir, à l'époque, les possibilités légales de distribuer les logements en question». Quoi qu'il en soit, le maire, exhibant des documents, atteste: «A la suite de la proposition faite le 10 mars 2001, l'association a élaboré, trois jours après, une liste de 4 personnes résidant dans le bidonville.» A la question de savoir si des élus ont bénéficié de logements sur le site, le maire déclare ouvertement que «du moment que le projet a pris un caractère promotionnel, les élus avaient le droit de les avoir», en précisant que «dans le cas contraire, d'autres personnes, d'autres communes sont en droit de les acquérir». Le président de l'APC nous a apporté des précisions sur les contours de ce projet en se démarquant de toute responsabilité quant au suivi de l'opération. «Le projet a été pris en charge par l'Opgi d'Hussein Dey qui s'est désisté au profit de l'Opgi de Dar El-Beïda pour le céder à son tour à l'Opgi de Sidi M'hamed (Alger)», a-t-il déclaré. «L'APC de Bachdjarah a pris en charge les travaux relatifs à l'assainissement et ce, suite à la subvention allouée par le ministère de la Solidarité». Par ailleurs, il nous a indiqué que «le projet a été élaboré par le bureau d'études technique Bouhired désigné par l'Opgi». En somme, et selon un constat visuel, le projet 39 logements a fait l'objet de «détournements considérables d'où la non-conformité des travaux de réalisation». A ce titre, nous avons appris que l'organisme de contrôle technique (CTC) a procédé à l'arrêt immédiat du chantier pour effectuer une expertise. Il sied de dire que l'état catastrophique du projet n'est que le fruit de la lenteur bureaucratique des différentes Opgi en charge du projet d'où la nécessité de leur réforme, voire la création, par l'Etat, d'organismes compétents dans ce domaine. Pour l'heure, tous les mots ne suffiront pas pour décrire le désarroi dans lequel sont plongés les citoyens du bidonville El-Khroub qui attendent ces logements depuis 1994. Au vu des déclarations des citoyens et des responsables de l'APC, et au vu des «vices de construction constatés sur les lieux pouvant engendrer d'éventuels effondrements ou autres catastrophes», la responsabilité des pouvoirs publics est directement engagée. En termes clairs, les autorités devraient diligenter une enquête pour déterminer les responsabilités des uns et des autres et faire la lumière sur les probables détournements de matériaux de construction.