La reprise des combats entre les mouvements politico-armés du Nord intervient à quelques jours de la rencontre de médiation par le Niger pour réconcilier les Touareg des Ifoghas avec leurs frères-ennemis des Imghad. Retour à la case départ au nord du Mali, moins de deux mois seulement après la signature de l'Accord pour la paix et la réconciliation, issu du dialogue inclusif intermalien d'Alger. Les combats opposant les groupes rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) aux mouvements pro-Bamako de la Plateforme d'Alger ont repris de plus belle hier matin, près de Kidal (nord-est) faisant des morts et des blessés dans les deux camps, selon plusieurs sources. Mais le Groupe d'autodéfense des Touaregs de l'Imghad et alliés (Gatia), membre de la Plateforme, a affirmé avoir tué 12 personnes, dont deux chefs militaires, fait des prisonniers et récupéré 4 véhicules tout-terrain à la CMA. Une information difficile à confirmer, en raison du difficile accès des médias dans les zones de combats, actuellement circonscrits à la région de Tousik et Anefis, au sud-ouest de Kidal. Samedi, les deux camps se sont accusés mutuellement d'avoir commencé les hostilités en premier. Dans un communiqué datant d'hier, maître Harouna Toureh (Plateforme) a affirmé que les violences ont repris suite à "une attaque perpétrée (samedi, ndlr) contre les positions de la Plateforme à Edjerer Amassine, dans l'oued Tousik", suivie d'une embuscade le lendemain, "au même endroit (...), toujours de la part des combattants de la CMA, malgré les assurances données par Checkh Awissa, un des principaux responsables militaires de la CMA". En réaction, le gouvernement du Mali a appelé à la raison aussi bien la CMA que la Plateforme. "Le gouvernement de la République du Mali a appris, avec une vive préoccupation, que des échanges de tirs ont eu lieu entre les mouvements de la Plateforme et de la CMA dans la région de Kidal, le samedi 15 août 2015", lit-on dans le communiqué publié dans la nuit du dimanche à hier. "(...) de tels actes constituent une violation du cessez-le-feu, et, pouvant mettre en péril la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d'Alger", a ajouté le communiqué des autorités de Bamako, où la Plateforme avait signé cet accord le 15 mai, suivie par la CMA le 20 juin, après plusieurs semaines de tergiversations. En effet, la reprise de ces violences armées intervient en violation de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali et des arrangements sécuritaires qui ont suivi la signature dudit document à Bamako. De son côté, la mission de maintien de la paix onusienne (Minusma) a réagi, elle aussi, sur son site Internet via un communiqué condamnant cette nouvelle violations des accords de cessez-le-feu, affirmant qu'"une équipe mixte d'observation et de vérification" était "en route vers Anefis pour établir les faits". Tout en appelant "les parties actuellement engagées sur le terrain à immédiatement cesser les combats (...)". La Minusma souligne qu'elle "n'hésitera pas à entreprendre toutes actions nécessaires conformément à son mandat et ses règles d'engagement pour protéger les populations civiles qui seraient en danger", a ajouté le communiqué de la mission onusienne, dont les soldats ont été mobilisés pour sécuriser les populations locales et tenter de départager les belligérants dans cette zone. Les affrontements de ces trois derniers jours ont fourni la preuve qu'il ne s'agit pas seulement d'apposer sa signature sur un papier, mais d'avoir aussi la volonté politique de jouer le jeu de la paix sur le terrain militaire. La CMA et la Plateforme ont prouvé tout à fait le contraire à la médiation internationale, à sa tête l'Algérie qui est directement touchée par l'instabilité chronique au Mali. L. M.