Résumé : Ibtissem est incommodée par l'odeur du chou. En fait, depuis, elle ne cesse d'avoir des nausées. Elle ne peut pas se lever. Au bout de deux jours, elle appelle Madjid qui devine qu'elle n'est pas dans son assiette. Il lui conseille de voir un médecin. Elle refuse. Il lui propose de lui envoyer des médicaments. Pour lui, c'est l'occasion rêvée de régler le problème... -Oh !, s'écrie Ibtissem. Des kiwis ! Des avocats ! Des cho-co-lats ! Ce n'est pas la première fois qu'on lui offre une boîte de chocolat, mais la surprise est des plus agréables. Une petite carte l'accompagne. Elle sourit. "Prompt rétablissement". Elle se met à en manger, puis mange des fruits jusqu'à ne plus pouvoir avaler quoi que ce soit. Ce soir-là aussi, elle vomit plusieurs fois. Son oncle s'est levé pour la soutenir jusqu'à la chambre. Il lui apporte de l'eau et la force à boire. - Je vais appeler le médecin du quartier, dit-il. S'il est là, il viendra ! Ibtissem serre les dents et tente d'ignorer la nausée. Elle sent que si elle ouvre la bouche, elle vomira de nouveau. Son oncle appelle le médecin du village, mais ce dernier est absent durant toute la semaine. -Je t'emmène à l'hôpital ! Ils s'occuperont de toi aux urgences ! - Non... Elle lui montre le sachet de médicaments et prend les comprimés et gélules, suivant la notice. Elle finit par s'assoupir. Pendant ce temps, son oncle nettoie les toilettes. Au petit matin, elle se réveille avec une petite soif. Son estomac crie famine. Elle n'ose pas sortir de la chambre et inquiéter son oncle. À cause d'elle, il a passé une mauvaise nuit. Elle prend un fruit, puis boit le jus. Elle pense que le cocktail de fruits exotiques allait lui permettre de retrouver de l'énergie. Mais son état empire. Elle se sent incapable de quitter le lit. Elle a envie de dormir. Elle a de la fièvre au point d'être en sueur. Elle a encore soif et finit la bouteille de jus. Elle se couvre jusqu'au cou. Elle a l'impression d'avoir un volcan au bas- ventre. Mais ses paupières sont lourdes, et finit par se rendormir. Elle rêve de son mari, puis de sa maman. Elle se revoit enfant, dans leur salon. Elle a cassé un beau bibelot et sa mère lui crie après. Ibtissem se réveille en sursaut. Elle se rend compte que le soleil tape à la fenêtre. Elle se sent vide, mais elle n'a pas ce goût amer dans la bouche. Elle espère que c'en est fini. Elle tente de se redresser, mais elle a un malaise et sa tête retombe lourdement sur le coussin. Sa main balaie tout ce qu'il y a sur la table de chevet. Elle voudrait appeler son oncle mais seul un gémissement s'échappe de sa gorge. Elle tente encore de se redresser mais elle n'y parvient pas. Il lui semble que les murs dansent autour d'elle. Même l'armoire bouge. Une douleur la traverse au bas-ventre quand elle tente de se mettre sur le côté. L'envie de vomir la reprend. Ses cheveux s'hérissent sur sa tête lorsqu'elle sent qu'elle a des pertes brûlantes. Elle repousse le drap et elle crie en voyant sa robe pleine de sang. - Oh maman !, gémit-elle. Non... Elle tente de s'asseoir, mais elle n'a aucune force. La tête appuyée au montant du lit, elle tente de respirer calmement. Elle continuait à perdre son sang sans réaliser tout de suite la gravité de son état. - Oh non ! Elle pense à son oncle. Elle ne veut pas qu'il la voie comme ça. Elle a juste le temps de tirer le drap sur sa robe quand il entre après avoir frappé doucement. - Ah, il me semblait bien t'avoir entendue ! Bonjour, comment vas-tu ce matin ? Elle secoue la tête pour dire que non. Il aperçoit des traces de sang et comprend ce qui ne va pas. -Rallonge-toi ! Je vais demander de l'aide et je t'emmènerai aux urgences, dit-il, regrettant de ne pas l'avoir fait la veille. Je croyais à une intoxication alimentaire sans gravité ! Je reviens tout de suite ! L'oncle Makhlouf part demander à la voisine, mais celle-ci ne peut pas sortir de si bon matin et laisser ses enfants seuls. Il retourne auprès d'Ibtissem et lui passe une autre robe dessus. Il la porte jusqu'à la voiture. Le trajet jusqu'à l'hôpital prend quelques minutes. Elle arrive presque inconsciente aux urgences. Le médecin s'occupe vite d'elle. L'oncle regrette de ne pas l'avoir prise la veille. Peut-être qu'elle ne serait pas en train de perdre son bébé. Si cela n'est pas arrivé durant la nuit ou en chemin vers l'hôpital. Il est inquiet, lui, qui n'avait pas eu de femme ni de fille, est devenu responsable de sa nièce au moment où il ne s'y attendait pas... (À suivre) A. K.