Dix ans depuis que tu nous as quittés, Zinou; oui, dix ans depuis que les balles intégristes t'ont ôté la vie ; elles ont ôté la vie à l'amour, à l'espoir et à la tolérance pour laisser place à la haine, à l'obscurantisme et à la violence. Lorsque tu avais reçu des lettres de menaces, tu avais refusé de fuir l'Algérie en me disant que ton combat était ici dans ton pays, et que si ces islamistes devaient te tuer, ils n'avaient qu'à le faire. Aujourd'hui, tu n'es plus là, mais tes assassins sont libres et osent nous narguer en bravant des mots de victoire. Lamentable, scandaleux, ignoble, injuste, je ne peux trouver d'autres qualificatifs pour exprimer mon indignation et ma colère face à cette impunité totale accordée aux islamistes par le premier garant de la Constitution, censé défendre les droits des familles des victimes du terrorisme. La concorde civile initiée et conclue par l'amnistie a réintégré des terroristes dans la vie sociale, avec récupération de tous leurs droits, sans que la justice exerce ses missions et sans même que ces terroristes aient demandé pardon à leurs victimes. Dans ces conditions, I'amnistie ne peut ramener la paix et ne sert qu'à convaincre ceux qui continuent à pratiquer les massacres, que l'Etat n'est pas en mesure de leur faire face victorieusement, d'où la recrudescence des attentats et la réorganisation des réseaux islamistes. Ce serait une tragique erreur que de croire que les terroristes ambitionnent de s'inscrire dans une perspective de paix telle qu'elle est conçue par les familles des victimes du terrorisme dès lors que les massacres massifs qu'ils continuent de commettre témoignent de leur refus total et irréversible de reconnaître leurs massacres comme étant des crimes contre l'humanité. Avec la nouvelle année, Boutef fantasme, encore une fois, sur l'amnistie qui en dit très long et qui remet en cause la résistance de ceux qui ont pris les armes pour défendre l'Algérie contre les hordes terroristes. Qu'y a-t-il de plus abominable que de mettre sur un pied d'égalité le résistant et le destructeur, la violée et le violeur, la victime et le coupable ? Quant à moi, je continuerai à dire que ces terroristes n'auront jamais mon pardon même s'ils le demandent, quelle que soit l'amnistie qui leur a été accordée par leur parrain. Je continue aussi à vivre avec l'espoir qu'un jour cette justice viendra soulager ma souffrance en punissant ceux qui, il y a dix ans, ont mis fin à l'union harmonieuse qui m'attachait à Zinou. Repose en paix Zinou ! Que Dieu ait ton âme et qu'Il t'accueille en Son Vaste Paradis. Ta mort ne sera jamais vaine. Mme Zinou Une cérémonie de recueillement à sa mémoire aura lieu le 6 janvier 2005 à 11h, à la Cité Khazrouna commune de Béni-Mered, wilaya de Blida.