Résumé : Mordjana rentre chez ses grands-parents et tente d'oublier la scène qu'elle venait d'avoir avec sa mère. Mimouna n'est pas du tout étonnée de sa réaction. Elle demande à sa petite-fille de tout oublier et de s'occuper du dîner. Samir se rendait à son travail lorsque son téléphone se mit à sonner. C'était Ilhem ! Cela faisait plus de six mois que la jeune femme avait disparu. Pourquoi le contactait-elle aujourd'hui ? Il sursaute encore, en se rappelant que la jeune femme devait être au terme de sa grossesse. Les mains tremblantes, il décroche pour entendre un faible son, et une respiration saccadée. - Sa... Samir. Je... Je vais mourir. Une sueur froide inonde le dos du jeune homme : - Ilhem ! Où es-tu donc ? - Chez moi. Je vais accoucher dans les escaliers. - Quoi ?! Il jette le portable sur le siège du passager et démarre en trombe. Il prend l'autoroute et grille tous les panneaux de priorité. Il se rend compte de ses bévues et met les feux de détresse. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Ilhem va accoucher. Depuis le temps qu'il tentait de la retrouver, il ne s'attendait vraiment qu'à ce moment crucial où elle allait le contacter. Il passe la main sur son front et se dit que s'il survivait à toutes les épreuves de ces derniers mois, il pourrait remercier la Providence et sa bonne étoile. Un véhicule lourd le frôle et il dut se rabattre davantage sur le bas-côté pour l'éviter. Le volant glissait dangereusement entre ses mains et il risquait à tout moment de perdre le contrôle de son véhicule. Il se met à aspirer de grandes goulées d'air. Ce n'était pas le moment de perdre ses sens. Il tire sur sa cravate et déboutonne le col de sa chemise. L'air pénètre dans son gosier, puis dans ses poumons. Il se sent mieux et se remet à conduire plus calmement. Il arrive chez Ilhem un quart d'heure plus tard, et saute de son véhicule pour se ruer dans l'immeuble et monter les marches d'escalier quatre à quatre. Il retrouve la jeune femme pliée sur elle-même sur le palier de son étage. - Ilhem ! Elle tendit la main vers lui dans un geste désespéré et il courut pour la soulever dans ses bras : - Ilhem ! Que s'est-il passé ? Elle porte la main à son ventre et reprend sa respiration avant de lancer d'une voix entrecoupée : - Je voulais me rendre à la clinique. - Tu aurais dû m'appeler plus tôt. - Je voulais le faire. Je ne suis rentrée qu'hier. Son visage se congestionne et elle pousse un cri en s'agrippant au cou de Samir qui lance d'une voix mal assurée : - Je pense qu'on doit se rendre sans attendre à la clinique. Elle hoche la tête en désignant la porte de son appartement : - J'ai préparé une valise. Il faut l'emporter. Samir lui jette un coup d'œil. Elle pesait lourd dans ses bras : - D'accord. Je vais d'abord te déposer dans le véhicule et je reviendrai chercher la valise. Il s'approche de l'ascenseur et pousse le bouton d'appel. La porte s'ouvre et il s'y engouffre. Il regarde Ilhem qui grimaçait de douleur. Elle transpirait abondamment, et ses cheveux étaient plaqués sur son front et ses joues. - Je t'ai cherchée partout. Partout. Où étais-tu donc passée ? Elle reprend son souffle : - J'étais chez une amie à la campagne. Je te raconterai plus tard, souffle-t-elle. Il arrive à son véhicule et ouvre la portière arrière pour la déposer soigneusement sur le siège, puis remonte rapidement pour récupérer ses affaires et refermer la porte de l'appartement. Il revient ensuite et s'assure qu'Ilhem était bien installée avant de démarrer en trombe. La clinique la plus proche se trouvait à cinq kilomètres et il reprend l'autoroute pour arriver plus rapidement. Une équipe médicale prend rapidement Ilhem en charge. Elle est vite conduite vers la salle d'accouchement et ses cris parvenaient jusqu'au couloir où le jeune homme s'était installé. Il se mord les doigts. Ilhem avait vécu seule durant des mois. Elle avait mené sa grossesse à terme sans l'aide de personne. Elle lui avait dit qu'elle s'était rendue à la campagne. Ses parents pensaient sûrement qu'elle s'y trouvait encore. Il soupire. C'est elle qui avait refusé le mariage et sa présence auprès d'elle. Il n'était pour rien dans ses décisions. Pourtant, c'est lui qu'elle avait contacté aujourd'hui. Il repense à sa femme qui devrait rentrer bientôt. (À suivre) Y. H.