Résumé : Mordjana n'a cessé d'appeler Samir de la journée. Ce dernier, aussi occupé par l'état d'Ilhem qu'il était, ne s'est rendu compte que tardivement de ses appels. Il en est confus. Sa femme lui apprend qu'elle allait bientôt rentrer. De plus en plus inquiet, il s'assoit sur un banc et prend un verre d'eau. Une infirmière s'avance vers lui... Elle évite son regard pour lancer : -Vous êtes l'heureux papa d'un adorable petit garçon, et d'une jolie petite poupée. Samir sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Il est papa ! Un mot qu'il n'espérait pas entendre de sa propre progéniture ! -Merci pour cette bonne nouvelle Et ma femme ? Comment va-t-elle ? -Heu..., votre femme... Je..., je préfère que vous discutiez plutôt avec le chirurgien. Il vous attend dans son bureau. Les jambes tremblantes, il suit l'infirmière qui le précède vers un bureau. Elle ouvre la porte et s'efface pour le laisser entrer. À sa vue, le chirurgien se lève. Il portait encore sa tenue de bloc, et avait allumé une cigarette pour se donner de l'assurance. Il jette un regard compatissant à Samir et s'approche de lui : -Alors, on est heureux d'être papa ? -Heu... Oui... Oui, bien sûr... Seulement, j'aimerais bien savoir si ma femme... -Votre femme a bien supporté l'opération. Il éteint son mégot dans un cendrier avant de poursuivre : -Cependant, je dois vous avertir : Ilhem est trop faible et son état demeure instable. Nous allons devoir la garder en réanimation durant quelque temps. Nous suivrons minutieusement son évolution. Nous verrons ensuite ce qu'il y a lieu de faire. Samir s'accroche à une chaise : -Que voulez-vous dire Docteur ? -Heu... rien de plus que ce que vous venez d'entendre. J'aimerais juste vous préciser que les prochaines heures seront décisives pour sa survie. -Son état est donc bien plus grave que vous ne voulez le montrer... -Désolé mon bonhomme, mais la vie et la mort ne sont pas de notre ressort. Nous ne sommes que les marionnettes de la science, et nous tentons ce qui est en notre pouvoir afin de minimiser les dégâts. Il le prend par les épaules : -Soyez courageux et acceptez la réalité. Votre femme a failli perdre la vie sur la table d'opération... Nous avons réussi à sauver les petits...Avec un peu de chance, nous pourrions la sauver elle aussi... Cependant, vu son état, je ne pourrais me prononcer que dans les prochaines heures. Samir se laisse tomber sur une chaise. Il regarde le médecin, puis le plafond, en se demandant s'il n'était pas en train de rêver. -Allons, allons... ne vous mettez pas dans cet état. Soyez donc plus optimiste. Samir tente de prononcer quelque chose, mais sa langue refuse de remuer dans sa bouche. Il sentit deux longues larmes mouiller ses joues. "Pourquoi cela n'arrive-t-il qu'à moi ?" se demande-t-il. Il relève la tête et regarde le médecin dans les yeux. Ce dernier lui serre le bras avant de reprendre sa place derrière le bureau. Samir déglutit et pu enfin prononcer : -Les bébés... Ils sont... -À la nurserie... Vous voulez les voir ? Tel un automate, le jeune homme se lève pour suivre le médecin. La nurserie se trouvait à l'autre bout du couloir, et c'est avec une émotion non feinte qu'il pénètre dans le monde des couveuses. -C'est par là... Les jambes flageolantes, Samir regarde dans la direction indiquée. -Vos jumeaux n'ont pas encore le poids idéal pour affronter les risques d'infection... Nous les garderons un jour ou deux sous couveuse, et si tout va bien, vous pourrez les récupérer. Se traînant à la suite du médecin, Samir remarque deux petites têtes brunes qui émergeaient de deux corps minuscules reliés à plusieurs sondes. -Ils... ils sont aussi mal en point... -Non..., mais nous surveillons leurs organes vitaux. Ils sont encore fragiles puisque leur poids n'est pas encore idéal. Le jeune homme ne comprenait pas grand-chose à ce que racontait le médecin, et ce dernier lui tapote l'épaule : -Je m'explique : un bébé normal pèse à sa naissance entre 3 kg 200 et 3 kg 800. Lorsque la grossesse est jumelée, les deux bébés se partagent le poids, ce qui les rend bien plus vulnérables au monde extérieur. Leur système immunitaire n'étant pas encore totalement developpé, nous devons les maintenir à distance de tout ce qui pourrait les affecter... Les pédiatres sont là pour suivre leur évolution, et une infirmière va les surveiller de près durant au moins quarante-huit heures. Ensuite, c'est à vous de jouer... -À moi... ? (À suivre) Y. H.