Résumé : Samir est déphasé. Trop de choses arrivaient en même temps dans sa vie. Il avoue au médecin que la situation qu'il vivait était la conséquence d'une relation illégitime. Entre-temps, au Sud, Mordjana est foudroyée par le décès de son grand-père, alors qu'elle s'apprêtait à se rendre à l'aéroport. La jeune femme est anéantie. * Elle réprime un sanglot : -Je n'arrive pas encore à l'admettre Maroua... -Je te comprends ma sœur, mais il faut savoir s'armer de courage et de foi, afin d'accepter les coups durs de la vie... La mort est le destin de chaque être sur terre... Soyons heureuses de savoir que Baba Ameur ne souffre plus, et que sa vie durant il s'était montré brave et généreux envers sa famille, et même envers tous les gens qu'il rencontrait. -Oui... Si au moins nos parents étaient reconnaissants... Maroua hausse les épaules : -Nous savons tous que papa n'est plus qu'un clochard qui a vendu son âme au diable. Avec l'âge, maman devient de plus en plus insensible et égoïste... Je ne la reconnais plus... Mordjana passe la main sur son visage en larmes et reprend le dessus pour lancer : -Allons voir Yemma Mimouna... Elle est dans tous ses états... -Oui, cela fait presque soixante ans qu'elle partage la vie de grand-père... Ils étaient encore des enfants lorsqu'on les avait mariés... Elles s'approchèrent de la chambre où Mimouna priait près du corps de son mari. À leur vue, elle redresse la tête et les yeux noyés de larmes elle murmure : -Repose en paix Ameur... Repose en paix mon cher mari... Je te promets de vivre dans ton souvenir jusqu'au jour où je te rejoindrai... -Ne dis pas ça Yemma Mimouna, lance Mordjana en lui entourant les épaules... Nous n'aimerions pas nous séparer de toi de sitôt... -Personne ne peut prévoir son destin ma fille...Ton grand-père a toujours été robuste et en bonne santé... Il aura suffi de quelques mois pour que la maladie ait raison de lui... Il avait toujours émis le souhait de partir avant moi... Elle se remet à pleurer silencieusement. Mordjana s'agenouille près d'elle. Des versets du Coran se déversaient à travers la maison, et des voisins, proches et amis commençaient à affluer de toute part pour présenter leurs condoléances et jeter un dernier regard sur la dépouille du défunt. Mordjana, incapable de dominer son chagrin, demande à Maroua d'appeler Samir... Cette dernière s'esquive un moment, avant de revenir pour annoncer à sa sœur que le portable de ce dernier était éteint. -Il doit encore dormir... Il a dû travailler très tard hier. Mordjana secoue la tête : -Samir n'éteint jamais son portable... C'est vraiment bizarre... On s'est parlé il y a deux jours...Il m'avait semblé anxieux, mais j'ai mis cet état sur le compte du stress... Hier soir, j'ai tenté de le recontacter, en vain... Il ne répondait pas. La jeune femme se lève : -Je vais tenter de joindre Malika... Elle est peut-être à la maison et pourra me renseigner...Après tout, Samir fait partie de la famille, et doit impérativement assister à l'enterrement de grand-père demain... Malika n'était pas à la maison, mais chez elle. Elle est choquée par la nouvelle du décès, et promet à Mordjana de se rendre le jour même à la maison pour informer sa mère et Samir... Ce dernier ne répondait pas non plus à ses coups de fil, mais elle savait qu'il était dépassé ces derniers temps par ses conférences et ses différents projets. Il avait sûrement dû éteindre son portable pour ne pas être dérangé et oublier de le rallumer par la suite... Elle rassure donc sa belle-sœur et lui réitère sa sympathie, tout en présentant ses condoléances à la famille. Mordjana raccroche. Elle avait laissé Amir endormi dans sa chambre, et s'y rendit pour vérifier que les cris et les pleurs ne l'avaient pas réveillé. Mais l'enfant dormait d'un sommeil profond. Elle relève la couverture sur son petit corps et l'embrasse sur le front, avant de quitter les lieux et de refermer la porte derrière elle. Un mauvais pressentiment s'empare soudain d'elle... Samir ne restait pas autant de temps sans la contacter... Pourquoi avait-il éteint son portable ces deux derniers jours ? Il voulait apparemment éviter ses coups de fil... Que se passe-t-il ? Avait-il des ennuis ? L'inquiétude s'emparait d'elle. Elle répondait machinalement et d'un air absent aux condoléances des gens. L'esprit préoccupé, elle revint dans la chambre de son grand-père et lance un coup d'œil anxieux à sa grand-mère qui se lève pour s'approcher d'elle : -Tu es triste pour ton grand-père, je le conçois, mais ton front plissé et tes yeux éteints ne me plaisent pas... Que se passe-t-il ? As-tu appelé ton mari ? Mordjana déglutit. Sa gorge était sèche et sa langue pâteuse. Elle regarde son aïeule et tente de répondre le plus calmement du monde : -Cela fait deux jours que j'essaye de le joindre. -Et alors ? Il ne répond pas ? Mordjana secoue la tête : -Il a éteint son portable... (À suivre) Y. H.