Premier jour de la rentrée sociale. Les citoyens se réveillent sur un cauchemar : revoilà les embouteillages ! Sur l'autoroute menant de Dar El-Beïda à Ben Aknoun, cinq files de voitures se disputent dans l'anarchie les trois voies autorisées en plus de la bande d'urgence. Le chemin est long, et c'est la dépression. Pare-chocs contre pare-chocs, les automobilistes peinent à avancer. Chacun tente d'atteindre, tant bien que mal, le barrage routier de la Gendarmerie nationale, au niveau de Semmar. Un obstacle après lequel, ordinairement, la circulation redevient fluide. Ce n'est pourtant pas le cas ce matin. Il est 9h30, et à peine le premier barrage de gendarmerie dépassé, un bouchon encore plus noir se forme sur des kilomètres avant le prochain barrage routier. Celui de la police. Des voitures chauffent et tombent en panne. En essayant de les éviter, des automobilistes compliquent davantage la circulation. Des ambulances et des patrouilles de police tentent de se frayer un chemin. Peine perdue. Rien que la bande d'urgence est partagée par deux files de voitures qui se touchent presque la tôle. Cela ne tarderait pas à arriver d'ailleurs. Une légère collision, et c'est la bagarre. C'était inévitable. Fatigués, lassés et déprimés de presque une heure et demie d'embouteillages, les automobilistes assistent en spectateurs à la scène. Personne n'est sorti de sa voiture pour séparer les deux hommes. À bout de forces, ils ont fini par le faire eux-mêmes. Chacun est remonté dans sa voiture sans même faire le constat de l'accident. La côte de toutes les angoisses ! Enfin, le barrage routier de la police. Pourtant, les premiers à l'avoir dépassé n'auront pas à crier victoire. Les bouchons sont plus importants. La délivrance n'est pas pour bientôt. Il est 10h30, et la côte ouest commence à paraître. De loin. L'image est angoissante. Désespérante. D'interminables files d'attente de voitures se profilent sur plusieurs kilomètres, serpentant la montée de Kouba, sur le chemin de Ben Aknoun. Les conducteurs soupirent bruyamment dans leurs voitures. Certains, à bout de nerfs, tapent des deux mains sur le volant. Ceux qui sont accompagnés semblent ne plus avoir de discussion. D'autres, seuls dans leurs voitures, baissent les vitres et engagent des discussions avec le voisinage. Un automobiliste fait signe à un autre pour lui dire : "Je me suis rasé la barbe ce matin et elle a déjà poussé !" Ils rigolent. Après plus de deux heures d'embouteillages, il faut bien chercher un moyen pour déstresser. Certains se font de nouvelles amitiés. D'autres ne tarderont pas à monter une affaire ensemble ! Une dame semble sur le point de conclure la vente de son vieux 4+4, sur lequel d'ailleurs est affiché "À vendre". Il y en a qui cherchent à faire fructifier leur temps. Le temps perdu dans les embouteillages. Voilà la côte ouest. Sur la glissière métallique de séparation des deux autoroutes, des travailleurs de l'Edeval taillent le gazon. Ils mettent les déchets dans de grands sacs verts avant de les poser sur la voie rapide de l'autoroute. Comme si les bouchons n'étaient pas déjà suffisamment importants. Sur le chemin inverse reliant Ben Aknoun à Dar El-Beïda, l'état de la circulation n'est pas moins compliqué. À hauteur des Archives nationales, il y a une importante présence policière. Particulièrement des motards de la police nationale. Les automobilistes parlent d'un accident survenu tôt dans la matinée. La police, semble-t-il, venait tout juste de rouvrir la route à la circulation. Il est 11h. Le trajet ne prend toujours pas fin. Une situation de blocage total. Sur la sortie de l'autoroute vers le centre-ville de Ben Aknoun, quatre files de voitures se disputent encore le passage sous les yeux passifs de policiers postés au barrage jouxtant la gare routière. Les quatre files de voitures bloquent les autres automobilistes qui continuent leur chemin vers Chéraga, Staoueli et Zéralda. La scène est désolante. Pendant ce temps, tout le monde prend son mal en patience. M. M.