Ayant refusé jusque-là de s'attaquer à la horde terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) en Syrie, sous prétexte que cela serait bénéfique au régime de Bachar al-Assad, des dirigeants européens viennent de changer subitement de cap en décidant de lancer des vols de reconnaissance préparatifs à des frappes aériennes contre les positions des hommes d'Aboubakr al-Baghdadi. À en croire les déclarations du Chef de l'Etat français, François Hollande, cette nouvelle stratégie a pour objectif d'affaiblir Daech en Syrie afin de réduire le flux de réfugiés syriens vers l'Europe, fuyant la barbarie terroriste. Pourquoi avoir tant attendu pour finalement adopter la même politique adoptée contre Daech en Irak, où ses troupes sont régulièrement bombardées en vain ? En effet, celui, qui s'est autoproclamé calife des musulmans, continue à contrôler les territoires qu'il a conquis, dont la métropole Mossoul, sans être sérieusement inquiété. Penser maintenant que recourir encore une fois aux frappes aériennes pourrait réduire les capacités de nuisance de Daech n'est qu'une autre erreur de stratégie, du moment qu'aucun résultat n'a été obtenu en Irak. Croyant être plus convaincants, François Hollande et le Premier ministre britannique, David Cameron, dont l'armée a procédé à une première frappe à l'aide d'un drone à la fin du mois d'août, affirment qu'ils veulent également réduire le risque d'attentats téléguidés à partir de la Syrie. "Trois terroristes, dont deux Britanniques, ont été tués dans une frappe méticuleusement préparée et effectuée par un drone de la RAF", a annoncé aux députés britanniques le Premier ministre, David Cameron. D'après le Daily Telegraph, citant des sources gouvernementales anonymes, l'un des Britanniques tués préparait un attentat contre les cérémonies londoniennes de commémoration de la victoire sur le Japon, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale, auxquelles ont assisté en août la reine Elizabeth II et David Cameron. De son côté, le président français assure que les attaques terroristes contre le magazine satirique Charlie Hebdo, une policière et un magasin casher en janvier, l'attaque commise fin août dans un train Thalys, et d'autres attentats avortés ont tous un lien avec le terrorisme d'autant plus que certains ont été revendiqués par Daech. Se positionnant en porte-à-faux avec Londres et Paris, Madrid a appelé hier à un cessez-le-feu avec le régime syrien. "Une des parties (impliquées), c'est le gouvernement de Bachar al-Assad, qui personnellement ne me plaît absolument pas (...) mais la paix se fait toujours avec les ennemis, il faudra négocier et arriver à un cessez-le-feu, sinon nous allons arriver à une situation humanitaire désespérée", a argumenté, hier, le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel García-Margallo, lors d'une conférence de presse conjointe à Téhéran avec son homologue iranien. Il a, toutefois, défendu l'option militaire contre Daech, ajoutant attendre "désespérément" une décision de la communauté internationale. C'est dire l'absence de cohésion dans les positions européennes vis-à-vis du régime de Bachar al-Assad. M.T.