Crise économique et austérité obligent. Le gouvernement, à travers ses récentes mesures, part à la recherche de financements tous azimuts. Après avoir lorgné du côté du capital de l'informel pour le bancariser, il propose des facilités aux "employeurs" à travers une opération de régularisation de leur situation et celle de leurs employés vis-à-vis de la Sécurité sociale. Hier, lors d'une journée d'information sur les mesures "exceptionnelles" apportées par la LFC 2015 en matière de recouvrement des cotisations de sécurité sociale, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El-Ghazi, a rappelé que l'avenir de la caisse de la Sécurité sociale "est lié aux engagements des employeurs et des citoyens avec cette institution qui ne peut vivre qu'avec les cotisations des adhérents". La situation financière de la caisse "n'est pas alarmante", mais néanmoins, les pouvoirs publics "veulent renflouer la caisse à hauteur de 50%", soit la moitié de ses recettes. Déficit non déclaré ou mesure préventive en prévision de l'aggravation d'un déséquilibre financier ? On n'en saura pas plus. Le ministre est confiant qu'avec la campagne de sensibilisation lancée, sous le slogan "l'affiliation à la Sécurité sociale, un droit garanti", "les 3 millions" de salariés non encore déclarés vont se bousculer devant les agences de la Cnas. Or, il est à craindre que "cette manière d'anticiper sur l'avenir de la caisse" ne sera qu'un coup d'épée dans l'eau, faute d'avoir agi en temps opportun et surtout en période d'opulence financière. Hier, plus d'une vingtaine de responsables d'organismes publics et d'entreprises privées ont été conviés à la journée pour s'informer des nouvelles mesures de régularisation de la situation des entreprises vis-à-vis de la Cnas. Le ministre a souligné que son département a fait de l'année 2015-2016 l'année de recouvrement. Sur ce, il a invité le patronat et l'UGTA à prendre part à la campagne pour convaincre les employés et les employeurs à s'acquitter de leurs cotisations. Abdelmadjid Sidi-Saïd, SG de l'UGTA, a indiqué qu'une nouvelle dynamique doit être insufflée à la caisse de Sécurité sociale. Il a estimé que les mesures prises dans la LFC 2015 "sont responsables", basées sur le principe "de l'attractivité" avec les employeurs. Il a révélé que les arriérés des employeurs se chiffrent par milliards de dinars, que les pouvoirs publics veulent recouvrer "sans causer de problèmes aux entreprises". M. Sidi-Saïd a souligné que les secteurs du bâtiment, de l'agriculture et des services comptent près de 2 millions de travailleurs non déclarés. Une commission composée de représentants du ministère du Travail, de l'UGTA et du patronat se penche, depuis hier, pour trouver "les mécanismes adéquats" afin de lancer l'opération de recouvrement et d'incitation des travailleurs à adhérer à la sécurité sociale. M.M.