Décédé à 81 ans, ce chanteur était l'acolyte de Dahmane El-Harrachi. De 1958 à 1962, ils sillonnent Paris et donnent des représentations dans des cafés maghrébins. Il a composé quatre titres qui n'ont jamais été enregistrés en studio, parmi les plus connus Ya Sidi Khaled El-Marsa. Originaire du village Tizi Tamlelt, d'Iflissen, dans la région de Tigzirt, Moh Ouali Hakem s'est éteint, vendredi à 22h, à l'âge de 81 ans. Il était l'un des compagnons de Dahmane El-Harrachi, d'El-Hasnaoui et de Slimane Azem. Dans une biographie qui retrace son parcours, Hakem Moh Ouali, est un chanteur-barde de l'émigration. Il est né en 1934 au village Tizi Tamlelt. Enfant, il vécut l'absence du père émigré qui revint en 1952 l'emmener avec lui en France, l'installer à sa place pour pouvoir enfin profiter de sa retraite au pays qui l'employa. Dans le gardiennage de phare, seul vigile lumineux de la région. Hakem avait seize ans lorsqu'il connut Paris. Loin du village, confronté aux dures conditions de l'embauche, ses souvenirs d'une enfance passée à Sidi Khaled El-Marsa, gardien des océans, refluent. En 1956, il connut la fatigue et l'amertume des maisons de repos. C'est là qu'il s'achète une guitare et commence à fredonner les chansons de Cheikh El-Hasnaoui, Zerrouki Allaoua et Slimane Azem. Les émigrés qui ramenaient au village le photographe lui faisaient écouter les premières chansons enregistrées de Cheikh El-Hassnaoui. En 1957, il rencontre, par hasard, Arab Uzelag, alors chanteur célèbre, en compagnie de Amraoui Missoum. Mais c'est en 1958 qu'il fit une rencontre décisive pour sa carrière artistique restée dans l'oralité de la chanson de l'exil : au passage Thierry, à la Bastille, se trouvait un café dénommé l'Qahwa n'âami Ali, lieu de passage de tous les artistes maghrébins de l'émigration. Son propriétaire, lui-même virtuose, instrumentiste, mettait à la disposition des artistes émigrés de Paris, de Belgique, d'Allemagne, tous les instruments dont ils avaient besoin pour un gala, une séance d'enregistrement ou pour tout simplement passer le temps. C'est dans ce café célèbre et riche de présences artistiques que Hakem Moh Ouali fit la connaissance de Dahmane El-Harrachi. De 1958 à 1962, Hakem et Dahmane ne se quitteront pas d'une semelle ; ils sillonnent Paris, donnent des représentations à travers tous les cafés maghrébins. Dahmane est partout. Il n'y a pas un artiste, célèbre ou anonyme, qui ne l'ait pas rencontré dans les cafés, en tournée. Hakem Moh Ouali finit par connaître Paris comme sa poche. Il est, lui aussi volage, en musique comme au travail. En dix ans et trois mois d'usine. Dahmane El-Harrachi, lui, n'a pas connu l'usine. En 1959, Hakem compose quatre chansons restées non enregistrées dont : Ya Sidi Khaled El-Marsa, la plus célèbre. L'artiste a été enterré dans son village natal, en présence d'une foule nombreuse de fans, d'amis et aussi de jeunes mélomanes. M. M.