Le message du chef de l'Etat tend visiblement à fermer définitivement la porte devant les prétentions ahurissantes de l'ex-chef de l'AIS et de ses compagnons d'armes. À l'agitation continue de l'ex-chef de l'Armée islamique du salut (AIS), Madani Mezrag, qui envisage de créer un parti politique en rameutant ce qui reste des troupes du FIS dissous, les autorités viennent d'opposer, de nouveau, une fin de non-recevoir pour le moins vigoureuse cette fois-ci. Et c'est le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lui-même, qui a pris sur lui de répondre à l'ex-"émir" de l'AIS, usant d'un langage aussi clair que ferme vis-à-vis de la revendication des résidus du parti dissous. "Nous relevons aujourd'hui des propos et des actes inappropriés de la part de certains bénéficiaires des dispositions de la concorde civile, que nous préférons qualifier d'égarements, mais face auxquels nous tenons à rappeler les limites qui doivent être respectées et sur lesquelles l'Etat sera intransigeant", tranche, en effet, le chef de l'Etat dans un message à l'occasion de la célébration du 10e anniversaire de l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Certes, le message du président de la République ne semble souffrir aucune ambiguïté à l'égard des ambitions politiques de ceux qui ont été à l'origine des malheurs du pays durant la décennie noire, mais force est de constater que cette posture tranche malheureusement profondément avec l'attitude amorphe affichée jusque-là par les autorités vis-à-vis des regroupements, organisés çà et là et au vu et au su de tous, par Mezrag et ses partisans. Il faut, cependant, retenir la fermeté du message du président de la République qui tend, visiblement, à fermer définitivement la porte devant les prétentions ahurissantes de l'ex-chef de l'AIS et de ses compagnons d'armes. À travers son discours, le chef de l'Etat veut, apparemment, aussi tranquilliser les Algériens dont les voix se sont élevées ces dernières semaines pour exprimer la crainte de voir les autorités fléchir devant les revendications politiques de Madani Mezrag. "Nous enregistrons aussi des réactions induites par le réveil de blessures encore vives ou provoquées par la crainte de voir le pays retourner vers un passé douloureux. Devant cela, nous réitérons que les choix du peuple souverain consignés dans la loi portant concorde civile, ainsi que dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale seront intégralement respectés et préservés, sans concession aucune", assène, à ce propos, le chef de l'Etat, qui tente, ainsi, de rassurer les citoyens sur la position inébranlable de l'Etat algérien face au terrorisme islamiste. Le président Bouteflika a, toutefois, renouvelé à l'occasion son appel à ceux qui sont toujours considérés comme des "égarés" qui seraient tentés d'"abandonner la voie du crime" et de bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. "C'est également pour moi l'occasion de renouveler l'appel de la patrie clémente aux égarés qui voudront se ressaisir et abandonner la voie du crime, pour bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Je renouvelle cet appel au nom d'un Etat fort et au nom du peuple, car nous sommes une communauté de croyants", a-t-il affirmé. Les portes restent donc toujours ouvertes pour le repentir des terroristes en activité, bien que la loi sur la réconciliation nationale stipule que les terroristes ont six mois au maximum pour se rendre aux autorités et bénéficier de l'amnistie, et ce, à compter du 28 février 2006. Mais les rédacteurs du texte en question avaient introduit une autre disposition qui permet de contourner cette limitation dans le temps des effets de la loi. L'article 47 de la charte donne, en effet, plein pouvoir au président de la République qui "peut à tout moment prendre toutes autres mesures requises pour la mise en œuvre de la charte". Le chef de l'Etat n'a pas manqué, dans son message, de rendre un hommage appuyé à tous ceux, civils et militaires, qui ont combattu le terrorisme durant la décennie noire. "Nous nous inclinons d'abord à la mémoire de tous ces héros, militaires, gendarmes, policiers, gardes communaux, citoyens volontaires, qui se sont sacrifiés pour que survive l'Algérie. Nous nous inclinons aussi à la mémoire de tous ces cadres et travailleurs, assassinés alors qu'ils veillaient courageusement au fonctionnement de l'Etat et subvenaient au service des citoyens", témoigne-t-il, à ce propos, non sans évoquer le sacrifice des victimes du terrorisme "abject et destructeur". Il a réaffirmé, à cette occasion, le "soutien" et la "solidarité" de l'Etat à leurs familles et à leurs proches. H. S.