Il n'est pas question ni de reculer sur les avancées acquises par la loi sur la Concorde civile, ni sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. C'est ce qu'a réitéré hier le président Abdelaziz Bouteflika à l'occasion du 10e anniversaire de l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le message du président Bouteflika est clair, et ses destinataires tout autant. Une telle sortie du président Bouteflika intervient en fait après les réactions virulentes qui avaient dénoncé la volonté d'un bénéficiaire de cette loi, un ex-émir du FIS dissous, de créer un parti politique. 'Nous relevons aujourd'hui des propos et des actes inappropriés de la part de certains bénéficiaires des dispositions de la Concorde civile, que nous préférons qualifier d'égarements'', a souligné le président qui a ajouté que face à ces 'égarements, nous tenons à rappeler les limites qui doivent être respectées et sur lesquelles l'Etat sera intransigeant». Il est clair que le message s'adresse directement à Madani Mezrag, ex-chef de l'Armée islamique du salut (AIS), qui a bénéficié ainsi que ses 'sbires'' des dispositions de la loi sur la Concorde civile et la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. C'est au cours d'une 'université d'été'' au mois d'août dernier des anciens du FIS dissous que Mezrag avait annoncé sa volonté de créer un nouveau parti. Immédiatement, son annonce a été suivie par une levée de boucliers de partis et de la société civile. Fin août dernier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bedoui fait une mise au point: 'les lois de la République s'appliqueront scrupuleusement concernant les propos de Madani Mezrag faisant état de son intention de créer un nouveau parti politique'', ajoutant lors d'un point de presse en marge de la dernière réunion gouvernement-walis que 'nous sommes dans un Etat de droit et la République algérienne démocratique et populaire est régie par des lois qui sont appliquées scrupuleusement.'' Quelques jours plus tôt, une source au ministère de l'Intérieur avait indiqué qu'on ne répond pas 'à des déclarations'', en réponse à une question sur les intentions de Mezrag de créer un parti. Pour autant, le président Bouteflika réaffirme dans son message que 'les choix du peuple souverain consignés dans la loi portant Concorde civile ainsi que dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale seront intégralement respectés et préservés, sans concession aucune». C'est dans ce sens qu'il a estimé qu'il faut 'préserver la réconciliation nationale de toute altération, de toute exploitation politicienne et de toute surenchère, au service de notre unité nationale et de la stabilité de l'Algérie». Car »tout ce qui a pu être accompli à l'ombre de la Concorde civile, de la paix et de la réconciliation nationale constitue une somme d'acquis pour lesquels nous remercions Allah et sur lesquels nous pouvons continuer à bâtir davantage et à avancer plus loin encore», a-t-il ajouté, un appel évident à tous ceux qui ont tenté de s'opposer, et qui le manifestent de temps à autre bruyamment, à la Charte pour la paix et la Concorde civile. Selon le président Bouteflika, l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a permis de réinstaurer 'la paix, la sécurité et la construction nationale''. 'Il était utile de les rappeler en cette date commémorative», a relevé le président de la République. Pour autant, la lutte contre le terrorisme n'est pas finie. C'est dans ce sens que Bouteflika a saisi cette occasion pour rappeler aux 'égarés'' la 'clémence'' de la patrie et 'qui voudront se ressaisir et abandonner la voie du crime, pour bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale''. Et il l'affirme 'je renouvelle cet appel au nom d'un Etat fort et au nom du Peuple, car nous sommes une Communauté de croyants». Son appel sera-t-il entendu à un moment où la nébuleuse terroriste a pris les contours d'une véritable hydre, qui menace non seulement la paix et la sécurité en Algérie et au Maghreb, mais également dans toute l'Afrique. L'appel du président reste d'autant d'actualité que les groupes terroristes d'obédience Al-Qaïda ont éclaté en plusieurs groupes disséminés au Sahel et au Maghreb, en plus du nouveau venu, Daech, qui tente de s'implanter en Algérie. Le rapt et l'assassinat du ressortissant français Hervé Gourdel au mois de septembre 2014 en Kabylie est là pour rappeler à tous que la menace terroriste est toujours là.