Les étudiants ont barré la route pour exiger la libération de leurs camarades interpellés lundi soir à Alger. Les facultés de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ont été paralysées hier par une journée de protestation, à l'initiative de plusieurs comités estudiantins autonomes. Ce débrayage a été décidé suite à l'interpellation d'une vingtaine d'étudiants, dont quatre de l'université de Tizi ouzou, lundi dans la soirée, lors d'un rassemblement organisé à l'ITFC de l'Université d'Alger. L'info tombée vers 22h ce lundi a vite fait le tour des cités U, où les résidents ont improvisé des réunions pour organiser la riposte. Hier donc, les campus ont été paralysés par une grève générale, suivie d'un rassemblement devant la bibliothèque centrale de Hasnaoua. La plupart des départements ont été ainsi désertés par les étudiants. Lors du rassemblement, des intervenants ont pris la parole pour expliquer la genèse de l'affaire. De quoi s'agit-il au juste ? Une délégation de sept étudiants est partie à Alger pour manifester le soutien de l'université de Tizi ouzou aux étudiants d'Alger mobilisés derrière leur camarade Marzouk Hamitouche, arrêté il y a un mois. Cinq autres étudiants de la même promo que cet étudiant en sciences po sont toujours recherchés par la police. Arrivée à l'ITFC d'Alger, la délégation de Tizi Ouzou participera à un sit-in des étudiants ; ce dernier sera violemment réprimé puisque la police procédera à plusieurs interpellations. Deux étudiantes seront relâchées la nuit même, alors que parmi la délégation de Tizi Ouzou, on dénombre quatre arrestations. Hier, lors du meeting de Hasnaoua, la tension est montée de plusieurs crans. Les débats, qui rappellent les beaux jours de “tasdawit”, lorsque celle-ci était à l'avant-garde des luttes démocratiques, ont été axés sur la nécessité de mobiliser la société civile, la communauté universitaire en premier, pour sauvegarder les maigres acquis démocratiques arrachés de haute lutte par des générations de militants. “Il est temps de réhabiliter les traditions de lutte qui ont toujours été celles de l'université de Tizi Ouzou”, dira un étudiant, qui dénoncera, au passage, l'instrumentalisation de la justice contre les libertés syndicales. À l'issue du rassemblement, les universitaires ont observé un sit-in sur la voie publique, arrêtant ainsi la circulation automobile durant un peu plus d'une heure. Des slogans en faveur des étudiants détenus ont été scandés à gorge déployée, alors que des banderoles, relayant les mêmes mots d'ordre, sont suspendues aux quatre vents. L'action de protestation s'est déroulée dans le calme, les éléments des CNS assez prompts à réprimer les manifestations de rue n'étaient pas là hier. Les autorités publiques ont dû laisser faire. Jusqu'à hier soir, les étudiants interpellés n'ont pas été libérés ; ils étaient retenus en garde à vue, nous a-t-on informés. Y. A.