Une banale histoire de démolition d'une construction déclarée illicite par le maire est à l'origine de la déstabilisation de l'assemblée, amputée actuellement de quatre élus. Le 18 mai 2004, une villa (R+2) située au carrefour du quartier le Plateau sur le CW 111 est, sur ordre du P/APC, partiellement démolie. Une décision exécutée par la force publique en application de l'arrêté municipal n°59. Les autorités locales justifient leur acte par le fait que cette construction est illicite. Selon l'ancien chef de l'exécutif Abdelmadjid Amarnia, cet endroit était occupé par M. Mustapha Bouchami qui gérait un local commercial en charpente métallique démontable. Ce dernier, au vu de la vétusté de la structure, avait demandé à l'APC l'autorisation d'effectuer des travaux de restauration, ce qui lui fut accordé. Quelque temps après, la circonscription administrative de Chéraga, saisie par la correspondance n°405 du 19 octobre 2003, lui faisant constater que le gérant du local commercial avait, en lieu et place, érigé une construction sans permis. L'APC saisit à son tour les services de la gendarmerie nationale aux fins d'une enquête auprès de M. Bouchami. Un P-V a été établi par les gendarmes en date du 23 décembre 2003. Parallèlement, l'inspection de l'urbanisme de Chéraga se rend sur les lieux et tire la même conclusion dans le P-V n°55 ordonnant l'arrêt des travaux. Du 26 février au 9 mars 2004, trois procès-verbaux ont été établis par les services de l'urbanisme dénonçant l'intéressé. Le 7 avril 2004 une dernière mise en demeure est adressée à M. Bouchami. Devant le refus de ce dernier d'obtempérer, les services de l'APC sont passés à l'acte précisant que la démolition est intervenue suite aux instructions du wali délégué de Chéraga. LA VERSION DE BOUCHAMI Le mis en cause, M. Bouchami donne une tout autre version des faits. Cet ancien chef des patriotes, qui a rassemblé et organisé plus de 400 hommes, parle avec une franchise déconcertante. Il explique d'emblée qu'il n'a reçu à ce jour aucune décision l'informant d'une démolition en vue. “On ne peut parler d'un arrêté de démolition que lorsque celui-ci est signé par la justice. L'APC a commis une erreur en établissant le document le jour même de la démolition. On a profité de mon absence pour démolir. Comme par hasard. N'est-ce pas là un acte prémédité ?”, dira-t-il. Selon lui, il était ce jour-là en déplacement à l'intérieur du pays. “Située sur un axe principal, ma villa est devenue une curiosité pour les visiteurs et les passants. Des diplomates étrangers se sont même arrêtés pour interroger les gens du quartier sur les raisons d'une telle dégradation”, note-t-il. Tout en se disant respectueux des lois de la République, il ne comprend pas toutefois pourquoi ces mêmes lois sont appliquées avec discrimination, allusion faite à son voisin et qui n'est autre que son frère. Construites côte à côte, seule sa villa fait l'objet d'une telle mesure. “Nous avons reçu, mon frère et moi, le même document répondant favorablement à notre demande de régularisation. Veut-on nier que je suis ici depuis 1982. En 1984, je gérais un dépôt de gaz butane après que des enquêtes commodo et incommodo se soient avérées fructueuses. Si on fait allusion au terrain, qu'on sache qu'il est défalqué de l'agriculture conformément à la planche du cadastre n° 93/03. De plus, mon cas rentre dans le cadre des dispositions du décret 85/212 relatif à la régularisation des constructions illicites. J'ai présenté mon dossier à quatre reprises. En 1996, j'ai pu enfin obtenir un avis favorable. L'ancien maire, M. Amarnia, a menti dans ses déclarations au sujet du terrain qui, je le répète, n'est pas agricole. Je suis bien placé pour le dire en ma qualité d'ancien responsable dans ce secteur”, fera savoir M. Bouchami. Il citera au passage les terrains agricoles squattés et même vendus à des prix défiant toute concurrence. L'ARBRE QUI CHACHE LA FORÊT Il parlera de l'EAC 52 où sont installés 600 familles, mais aussi beaucoup d'autres irrégularités commises par l'APC. “Pourquoi ne veut-on pas parler de la menuiserie qui appartenait à la municipalité cédée par on ne sait quel truchement à un privé alors que la majorité écrasante des élus s'était prononcée contre sa vente au prix dérisoire de 40 millions de centimes”, s'écrie-t-il. L'ancien patriote qui a échappé à cinq attentats terroristes s'étonne que sur les 560 constructions illicites que compte la commune de Aïn Benian, seule la villa du plateau est ciblée. “La population n'est pas dupe. Ceux qui veulent détourner l'attention des autorités et des instances des vrais problèmes pour focaliser sur une futilité sont à présent connus. La manipulation n'aura pas la vie longue à Aïn Benian. Quant à l'affaire dont je fais l'objet, laissons la justice faire son travail”, conclut-il. A. F.