Résumé : Mordjana savait tout maintenant, et la balle était dans son camp pour trancher concernant l'avenir de leur couple. Samir est prêt à accepter tout ce qu'elle entreprendra. Il lui demande seulement de réfléchir avant de prendre l'ultime décision. Au milieu de la nuit, il quitte la maison pour se rendre à l'aéroport et embarquer sur le premier vol de la matinée. À peine arrivé qu'il saute dans son véhicule pour se rendre à la clinique. Une femme l'attendait à la réception. Les yeux rougis par les larmes, elle se lève et vint à sa rencontre : -Samir, n'est-ce pas ? -Oui. Qui êtes-vous ? -Je suis Naïma, l'amie d'Ilhem. J'ai déjà pris les devants pour avertir la famille. Les parents d'Ilhem étaient là hier soir. Ils l'avaient assistée dans ses derniers moments. Samir déglutit : -Je suis désolé, mais j'étais au Sud. Elle hausse les épaules : -Peu importe. Ilhem m'avait beaucoup parlé de toi. Je sais que vous vous aimiez d'un amour profond. -Oui. Mais c'était aussi un amour impossible. Il sentit des larmes ruisseler sur ses joues. -Je sais Samir. Ilhem m'a tout raconté. C'était chez moi qu'elle s'était réfugiée à la campagne pour cacher sa grossesse. Il y a un peu plus d'un mois, elle m'avait révélé qu'elle voulait rentrer chez elle pour mettre de l'ordre dans ses affaires. Elle avait peut-être pressenti sa fin proche et voulait prendre les devants. J'ai voulu l'en dissuader. Elle vivait seule et aurait eu besoin d'aide. Mais elle a refusé d'entendre raison. Samir soupire : -Je la connaissais assez pour comprendre ses motivations. C'était une femme qui gérait sa vie à sa manière. Au moment où elle avait été prise de contractions, elle m'avait fait appel. -Je savais que ça allait se passer de la sorte. Ilhem voulait que tu reconnaisses ta paternité. Lorsque le médecin lui avait annoncé qu'elle attendait des jumeaux, elle était tellement heureuse qu'elle voulait que tu partages sa joie. Mais elle s'était rétractée. Elle m'avait appris par la suite qu'elle ne voulait pas t'encombrer davantage, car tu avais déjà une femme et peut-être même un enfant. Je n'avais pas trop bien compris cette motivation de garder le silence sur son état, mais je crois qu'elle n'avait pas le choix, elle non plus, dans cette affaire. Elle m'avait aussi confié que si tout se passait bien pour elle, elle garderait les enfants et irait s'installer à l'étranger. Naïma renifle et se mouche : -Pauvre Ilhem. Elle était une femme ambitieuse et pleine de vie. J'ai du mal à croire qu'elle n'est plus là. Samir se laisse tomber sur une chaise : -Je vais m'occuper de ses obsèques. -Ce n'est pas la peine. Sa famille s'occupe de tout. -Ah bon ?! Eh bien, je vais alors régler les frais de séjour et le reste. -C'est déjà fait. Ilhem avait tout prévu. Elle m'a même fait une procuration auprès de sa banque afin que je puisse régler les frais de la clinique et tout le reste. Elle ne voulait être une charge pour personne. Cela fait deux jours que j'essaye de la contacter, en vain. J'ai alors compris qu'elle était à la clinique. Lorsque je suis arrivée, elle avait repris connaissance, mais était très mal en point. Elle m'avait suppliée d'appeler ses parents. C'est ce que j'ai fait. Vous connaissez la suite. Elle avait tout planifié elle-même. Samir prend une lente inspiration. Même morte, Ilhem imposait ses lois. Elle avait toujours su diriger sa vie et affronter son destin. -Alors, je vais attendre l'arrivée de sa famille pour leur présenter mes condoléances. Naïma met la main sur son épaule : -Vous allez raviver leur plaie Samir. Ses parents n'étaient pas au courant de votre relation ni de la grossesse d'Ilhem. Ils viennent tout juste d'apprendre toute l'histoire et n'aimeraient surtout pas rencontrer celui qu'ils considèrent comme étant à l'origine de leur malheur. Je suis désolée, mais c'est ainsi qu'ils voient les choses, et je n'aimerais pas qu'ils t'offensent davantage par leurs reproches. Samir se passe la main dans les cheveux. Ilhem est partie, et Mordjana va le laisser tomber. Il va se retrouver seul face à une vie qui ne sera sûrement pas de tout repos. Il avait, certes, les jumeaux. Mais dans son cas, c'était plus un fardeau qu'une consolation. Malika ne va pas les garder éternellement. Il se rappelle soudain qu'il ne l'avait pas rappelée depuis la veille. Il se lève et remercie Naïma pour tout ce qu'elle avait entrepris pour Ilhem et même pour lui. Elle lui avait évité beaucoup de désagréments, en particulier une rencontre avec les parents d'Ilhem, car au fond il appréhendait leur réaction et savait qu'ils n'allaient pas sauter de joie en le voyant et qu'ils n'allaient jamais, non plus, lui pardonner d'avoir brisé la vie de leur fille. (À suivre) Y. H.