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Mordjana
167e partie
Publié dans Liberté le 26 - 09 - 2015

Résumé : Le médecin confirme son diagnostic : Mordjana est enceinte. Il n'y a aucune doute là-dessus. Pour évaluer sa grossesse, et éviter toute mauvaise surprise, il lui demande de faire quelques analyses. La jeune femme est franchement déroutée par la nouvelle. Elle laisse couler ses larmes, et se désole de l'absence de son mari. Dans l'intervalle, Samir racontait ses déboires à sa sœur.
Malika avait écouté son frère jusqu'au bout. Elle n'en revenait pas encore d'apprendre qu'il avait mené une double vie des mois durant, et gardé secrète sa relation avec Ilhem. Un paradoxe pour un homme aussi sérieux et réservé, et qui en outre aimait éperdument sa femme.
Elle croise les bras et demande :
-Que comptes-tu faire maintenant ?
-Je compte sur toi Malika pour m'aider, je ne sais plus où j'en suis.
Il passe une main sur sa barbe hirsute, et soupire :
-Ilhem est encore aux soins intensifs. J'ai tenté de joindre ses parents mais je crois qu'ils sont en voyage.
-Et tes jumeaux ?
Il hausse les épaules :
-Ils sont toujours à la clinique. Hier justement, on m'avait demandé de les récupérer. Ils sont hors de danger maintenant, et on les nourrit au biberon depuis deux jours.
-Tu es leur père, il va de soi que c'est à toi de t'en occuper.
-Hélas ! Je ne le pourrai pas, ces bébés ont plus besoin de leur mère que de moi. Et je...
-Moi je pourrais m'en occuper.
Ils se retournèrent tous les deux pour rencontrer le regard perçant de Hasna :
-Mère !, s'écrient-ils en même temps.
La vieille dame s'installe dans un fauteuil et les regarde tour à tour :
-Pourquoi voulez-vous m'écarter d'une affaire aussi sérieuse ? Ne suis-je pas votre génitrice ?
Samir allait répondre, mais Malika lance d'une voix forte :
-Mère ! Cesse de fabuler. Tu sais bien que tu n'as plus ni la santé ni la patience d'élever des enfants. Et puis, nous n'avons pas encore décidé du sort de ces deux petits.
-Ces deux petits comme tu le dis sont tes neveux, les enfants de ton frère, ta chair et ton sang. Ce ne sont pas des étrangers. Ils sont des nôtres, et nous n'avons pas le droit de les abandonner dans une clinique.
Samir toussote :
-Mère..., je ne sais pas si je dois les ramener ici. Mordjana...
La vieille femme lève une main et l'interrompt :
-Laisse Mordjana hors de tout ça. Bien sûr qu'elle s'opposera à cette éventualité. Elle ira jusqu'à les renier et à t'exhorter de les mettre dans un orphelinat. (Elle rit) Dire qu'elle-même a ramené un orphelin pour l'élever.
-Mordjana ne connaît encore rien de toute cette histoire maman, lance Malika.
Hasna hausse les épaules :
-Elle n'a pas à se mêler de ce qui ne la regarde pas. J'ai déjà proposé à ton frère de refaire sa vie avec Ilhem. Mais il est trop aveuglé par cette sorcière pour se décider à la quitter. Grâce à Dieu, il a pu écouter la voix de la raison, et voilà le résultat : il a deux enfants ! Des jumeaux ! Je t'avais bien dit Malika que nous ne connaissons pas la stérilité dans la famille.
Malika lance à sa mère un regard désapprobateur.
-Tu es méchante maman. Tu n'aimes pas Mordjana, je le conçois. Mais ces bébés sont nés d'une autre femme. Une femme qui n'est pas l'épouse légitime de ton fils. Samir a pu reconnaître ses enfants et régulariser son union avec Ilhem par une fatiha, mais il n'a aucun papier qui stipule qu'il est son mari.
-Qu'importe les papiers. Ilhem et Samir sont mariés religieusement.
-Et dans quelles conditions ! Un mariage religieux et hâtif, afin d'inscrire les bébés à l'état civil. Mais Ilhem est encore aux soins intensifs et ne connaît encore rien de cette situation.
-Elle aura tout le temps de s'en rendre compte lorsqu'elle reprendra connaissance.
-Nous prions plutôt pour qu'elle ait le temps de voir au moins une fois ses enfants. Les médecins sont pessimistes quant à son état.
Hasna hausse encore ses épaules :
-Les médecins ! Ils ont bien annoncé à Mordjana aussi qu'elle pourrait enfanter sans problème. Et tu connais la suite.
Malika soupire :
-Maman, le temps presse. Mordjana est au Sud et fait le deuil de son grand-père. Ilhem est entre la vie et la mort, et Samir ne sait plus quoi faire.
Hasna regarde son fils :
-Tu peux me ramener les bébés si tu veux. Je ne suis plus de la prime jeunesse, mais je pourrais m'occuper d'eux durant quelques jours.
(À suivre) Y. H.


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