Le bijou traditionnel, plus particulièrement le bijou chaoui, semble bénéficier de la part des secteurs concernés (artisanat, tourisme et culture) d'une bonne volonté et d'un désir sincère de relance de ce legs riche et varié, mais qui continue à vivre un déclin et une menace de disparition. Pour la deuxième année consécutive s'est tenue l'exposition nationale des bijoux traditionnels. Elle a été initiée par la chambre d'artisanat et des métiers de la wilaya de Batna, du 5 au 9 octobre. Onze wilayas ont participé à cette manifestation, représentées par 61 artisans qui ont bénéficié de stands et boxes pour exposer leurs produits. Il faut rappeler qu'il y a un an, un atelier de développement de l'artisanat (bijoux) a vu le jour dans le cadre du développement des clusters dans les industries cultuelles et créatives dans le sud de la Méditerranée, un programme qui se tient sous l'égide de l'Ondu (Organisation des Nations unies pour le développement industriel). Ainsi, des experts et des spécialistes ont initié de jeunes artisans aux différentes étapes de réalisation d'un bijou en or ou d'une parure, traditionnels ou modernes. Cette formation a permis à un bon nombre de jeunes de constater de visu un travail fini et de bonne facture. Selon le responsable de la communication de la chambre d'artisanat et des métiers de Batna, beaucoup de jeunes et moins jeunes, voire même d'anciens artisans, prendront le relais pour le développement et la promotion des bijoux auréssiens. L'ouverture de l'exposition a connu un véritable rush. Les citoyens ont littéralement envahi les lieux. Ils sont venus des quatre coins de la ville et même des villages limitrophes de la capitale des Aurès. Si les avis étaient mitigés de la part des visiteurs où des connaisseurs quant à la qualité du produit du Sud, de la Kabylie, de Tlemcen où des Aurès, les débats vont bon train. Quant à l'absence du bijou chaoui des étalages, un artisan bijoutier installé pas loin du lieu de l'exposition ne fait pas dans la dentelle pour nous dire que "ce noble métier est travesti et que ce sont de pseudo-artisans qui ont accaparé le métier". Et d'insister avec dérision que "la plupart n'ont jamais fabriqué le moindre bijou chaoui, ils ont juste senti l'odeur de l'argent facile". Le propriétaire d'une boutique d'artisanat à Batna n'est point tendre, il nous confie : "Le bijou chaoui n'a pas eu la chance de la melhfa chaouie qui a connu une relance et une renaissance. Je pense que le bijou chaoui a besoin d'une prise en charge. Avant de faire sa promotion, il faut d'abord le sauver. Nous vendons des bijoux syriens, turcs, chinois... à la place de nos bijoux. Ce ne sont pas les cérémonies ni les beaux dépliants encore moins les discours qui vont apporter quelque chose. Ça me rappelle la différence entre les maquettes présentées aux responsables et les vraies bâtisses qui n'ont rien à voir avec ce qui a été présenté." À méditer. R. H.