Ce principe de l'économie libérale ne peut s'appliquer que sur des marchés bien régulés, estiment des observateurs. Depuis plus d'un mois le marché enregistre une flambée continuelle des prix des produits de large consommation. Le président de l'Association de protection et orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, parle d'une flambée "ascendante" qui reste "un fait réel, perceptible sur le terrain". Des fluctuations des tarifs ciblent plusieurs produits, notamment ceux consommés en hiver, à savoir, les légumes secs. M. Zebdi cite les lentilles dont le prix avoisine les 230 DA le kilogramme alors qu'il était affiché 90 DA, il y a quelques mois. Selon le président de l'Apoce, la hausse des prix a atteint même les services tels que les soins ou les consultations médicales, qui se situent désormais entre 2 000 et 2 500 DA. "Avec une consultation ophtalmologique à 2 000 DA, l'on met le consommateur devant le fait accompli. Ça devient insoutenable pour les citoyens aux bourses moyennes", déplore-t-il. L'augmentation a touché même les jeux dans les parcs de loisirs (manèges). Auparavant, avec 200 DA, l'on était autorisé à jouer 5 jeux. Aujourd'hui, 4 jeux coutent 300 DA... Il y a quelques jours, exceptés ceux du tabac fabriqué localement, le prix du paquet de cigarettes, dont le tabac est importé, a connu une hausse importante de 10 à 20 DA. Au début de l'année, une augmentation des tarifs a été imposée pour toutes les marques dès l'application des taxes évaluées entre 10 et 15%, introduites dans le cadre de la loi de finances 2015. Cette nouvelle hausse est, selon les observateurs, due à la dépréciation du dinar. À l'instar de nombreux observateurs, M. Zebdi remet en cause le principe de la liberté des prix. "L'économie de marché impose, certes, une liberté des prix qui doit obéir au mécanisme de l'offre et de la demande. Cependant, cette règle ne peut s'appliquer que sur un marché bien régulé et non pas sur un espace commercial anarchique", souligne Mustapha Zebdi. "Des fluctuations de 1 à 2% sont acceptables, mais quand ça atteint les 100%, cela devient intolérable", explique-t-il. Le même constat est établi par Mohamed Medjber, président de la Commission nationale des mandataires en fruits et légumes. Pour lui, la liberté des prix pose un sérieux problème. Il existe une anarchie totale sur le marché, relève-t-il, qui fait que l'on n'arrive plus à maîtriser la situation. Il évoque le cas de la pomme de terre qui devrait être déstockée immédiatement et orientée vers les marchés de gros. Son prix devrait être fixé actuellement à 32 DA le kg sur le marché de gros et vendue à un prix fixe à 35 DA en détail. "Cela devrait être clair d'autant plus que la marge bénéficiaire du commerçant est fixée à l'avance", précise M. Medjber. Cela dit, cet ancien mandataire estime que la flambée n'a pas ciblé la majorité des fruits et légumes, abstraction faite de la tomate. "Les prix des fruits et légumes sont abordables en ce moment", remarque-t-il. Quant aux autres produits agroalimentaires, cette clémence n'est toutefois pas palpable, poussant le pouvoir d'achat, indique M. Zebdi, vers son plus bas niveau. Avec un salaire de 50 000 DA, l'on arrive à peine à assurer les besoins les plus élémentaires à une famille de 5 membres. Faire des économies pour passer des vacances ou réaliser d'autres projets relèverait du domaine de l'impossible. Un revenu mensuel moindre, et c'est la dignité de la famille du citoyen qui est perdue... B. K.