La hausse du prix de la pomme de terre — entre 80 et 100 DA chez les détaillants — a fait sortir hier de leurs gonds les mandataires en fruits et légumes qui crient à la manipulation. La hausse du prix de ce tubercule est due, selon le président de la Commission nationale des mandataires en fruits et légumes, Mohamed Medjber, à «une pénurie provoquée pour manipuler les prix des autres produits agricoles». Ce responsable parle même de «gens qui sabotent», qui refusent de déstocker la pomme de terre des chambres froides pour maintenir les prix sur les autres produits, dès lors que, a-t-il noté, «le baromètre des prix c'est la pomme de terre». Pour réguler le marché de la pomme de terre durant les mois de septembre et octobre, une quantité importante de ce tubercule a été mise dans des chambres froides depuis le début de l'été dernier. Et alors que la loi stipule, selon le conférencier, que tous les produits mis en chambres froides doivent passer par les marchés de gros, les mandataires s'interrogent. «Où sont passés les 300 000 quintaux stockés depuis mai, juin dans des chambres froides pour réguler le marché en septembre, octobre ?» s'interroge Mohamed Medjber lors d'une conférence de presse, au siège de l'UGCAA. «La pomme de terre est disponible en quantité suffisante dans les chambres froides, pourquoi ne la sortent-ils pas ?» martèle-t-il. Si elle n'est pas vendue dans les marchés de gros, la pomme de terre stockée dans les chambres froides aurait alors emprunté d'autres circuits de distribution. Ce que n'écarte pas Mohamed Medjber : «La pomme de terre qui était dans les frigos est vendu à ceux avec lesquels ils ont de gros profits.» Ce qui est certain, pour cet ancien mandataire, c'est que «là où il y a intervention de l'Etat, il y a fraude». En tout état de cause, les mandataires en fruits et légumes imputent la responsabilité de cette flambée de la mercuriale au ministère de l'Agriculture, lequel est accusé d'avoir failli dans le programme de régulation du marché des fruits et légumes. «Ceux qui sont responsables sont ceux qui ont stocké dans les frigos, dans le cadre d'un programme de régulation du marché, c'est pour cela que je dit que c'est une pénurie provoquée», insiste encore M. Medjber. C'est pourquoi les mandataires exigent une commission d'enquête pour déterminer s'il existe des «failles» dans le programme initié par le ministère de l'Agriculture. Néanmoins, les prix de ce tubercule sont appelés à se stabiliser dans les prochains jours, avec l'arrivée de quelque 40 000 quintaux, promet le conférencier, qui demande aux pouvoirs publics d'offrir aux producteurs les moyens de produire eux-mêmes leur propre semence. Le conférencier explique par ailleurs la flambée des prix de certains fruits et légumes par le manque flagrant de main-d'œuvre. Ceci étant, le conférencier a appelé à encourager la production locale en mettant en place des «plans de cultures agricoles», tout en regrettant «les facilités faites aux importateurs qui cassent les producteurs locaux».