Que s'est-il passé au Caire pour que l'Algérie vide de son essence son projet de réformes des instances de la Ligue arabe, notamment le point relatif au secrétariat général ? Le chef de la diplomatie algérienne qui semblait faire une fixation sur ce point, allant jusqu'à qualifier cette organisation “d'annexe du ministère égyptien des Affaires étrangères”, a complètement changé le fusil d'épaule une fois arrivé au Caire. En effet, Abdelaziz Belkhadem a retiré cette disposition du projet algérien de réformes de la Ligue arabe. Mieux, désormais, annonce-t-il, Alger apporte son soutien à une éventuelle candidature de Amr Moussa pour un autre mandat. Le revirement algérien peut s'expliquer par la volonté d'Alger d'éviter un clash avec le président égyptien Hosni Moubarak, dans le but de ne pas compromettre la tenue du sommet de la Ligue arabe prévu dans notre pays en mars prochain. Il faut dire que la réunion, jeudi, des ministres des Affaires étrangères, marquée par la défection de cinq de leurs pairs, dont celle du Saoudien en raison de la crise Riyadh-Tripoli, n'a abouti qu'à l'ajournement de la majeure partie des propositions de réformes présentées par l'Algérie et d'autres membres. À l'exception d'un accord sur la création d'un parlement arabe transitoire qui siègera provisoirement à Damas avec la participation de quatre parlementaires par pays en attendant la mise en place d'une structure permanente, les questions essentielles ont été reportées. La question de la création d'un comité de suivi des résolutions et engagements, a divisé davantage les participants, dont une partie estime que la ligue regorge de structures (la troïka arabe, le secrétariat général, les commissions ad hoc, le Conseil des ministres et des délégués) à même de remplir cette mission. Quoi qu'il en soit, le sujet est renvoyé à la réunion ministérielle d'Alger qui précédera le sommet. Beaucoup de propositions concernant la création de nouvelles instances, tels la cour de justice arabe et le conseil de sécurité et de paix ont été renvoyées aux calendes grecques. Elles seront examinées par une commission ad hoc, qui sera mise en place ultérieurement. La réunion du Caire, que l'on annonçait décisive pour l'avenir de l'organisation, a, en fin de compte, accouché d'une souris. Les participants se sont, une fois de plus, limités à apporter le soutien arabe, à l'Irak et au nouveau président de l'Autorité palestinienne. K. A.