Pour titiller encore plus ses frères ennemis du RND, le patron du FLN s'est même permis d'ironiser sur la proposition d'Ahmed Ouyahia, en assurant n'avoir été destinataire d'aucune initiative. Le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani, a saisi au vol, hier, la première réunion du bureau politique de son parti après le congrès, pour répliquer, de nouveau, à son homologue du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, dont il a, à l'occasion, sous-estimé la portée politique de sa proposition de rassembler les partis de l'alliance présidentielle. Intervenant à l'ouverture des travaux du conclave de l'instance exécutive de sa formation au siège du parti à Hydra, le patron du FLN n'a eu de cesse, durant son laïus, de glorifier sa propre initiative politique qu'il juge "plus globale et plus large" que celle du "parti ami, le RND". "Notre initiative est plus globale et plus large car elle concerne tous les partis politiques et toutes les associations et les personnalités nationales qui veulent nous rejoindre", a martelé M. Saâdani, qui promet d'adresser à tout un chacun le document contenant les détails de la proposition, et ce, "dans les toutes prochaines semaines". "On adressera des correspondances à tous les partis, les associations et les personnalités nationales. On n'exclura personne. Même les hommes et les femmes de la presse peuvent prendre part au débat", a précisé le SG du FLN qui dénonce, peut-être pour tempérer ses critiques à l'égard de l'initiative du RND, "ceux qui veulent opposer l'initiative du FLN à celle du RND". Pour titiller encore plus ses frères ennemis du RND, l'orateur s'est même permis d'ironiser sur la proposition de ce dernier en assurant n'avoir été destinataire d'aucune initiative. "Je n'ai reçu aucune initiative. Il n'y a pas d'initiative", dit-il, lors du point de presse qui a suivi son intervention à l'ouverture de la réunion du bureau politique, comme pour enfoncer le clou. Pour lui, "si les partis de l'alliance présidentielle n'ont rien à proposer, leur place est dans l'arrière-garde de la classe politique". "Cela est valable pour les partis de l'opposition", ajoute-t-il. "On voudrait que l'opposition fasse des propositions concrètes. Nous les avons attendues, mais elles ne sont pas venues", fait-il mine de déplorer. Quant aux objectifs à assigner à sa propre initiative, ils sont d'ordre sécuritaire et économique. "Il s'agit, explique-t-il, de défendre la sécurité du pays et de rassembler toutes les forces pour faire face aux difficultés économiques qui se profilent." Pour lui, l'étape actuelle "est grave" et "dicte une mobilisation générale pour réussir les réformes pour aboutir à l'Etat civil que nous prônons par le biais de la révision constitutionnelle qui assurera plus de prérogatives au Parlement, plus de liberté pour le citoyen et une protection pour l'opposition". Interrogé sur les détails pratiques et les contours de son initiative, M. Saâdani a affirmé que tous les participants, partis, associations et personnalités nationales, seront représentés de manière équitable et seront, de fait, membres à part entière dans la commission technique qui sera mise en place pour recueillir les avis des uns et des autres sur les questions objet du débat. "Il n'y aura pas de petits et de grands partis. Tout le monde sera logé à la même enseigne et aura le même poids. Le FLN sera un parti comme les autres dans cette initiative." Invité à donner son avis sur la proposition du Front des forces socialistes d'organiser une conférence de consensus national, le patron du FLN s'est contenté de dire qu'après les discussions qui ont eu lieu entre les deux partis, "la balle est aujourd'hui dans le camp du FFS". Invité à donner son opinion sur le traitement réservé au ministre de la Communication, Hamid Grine, à l'aéroport parisien d'Orly, M. Saâdani a tenté de minimiser l'incident en mettant ce qui s'est passé sur le compte de "certaines mentalités datant de la période d'avant-62 qui, malheureusement, existent toujours". H. S.