"Que peut attendre notre pays de constructif d'une vacance du pouvoir que des forces extraconstitutionnelles, c'est-à-dire des groupes d'intérêt, d'influence et de pression, s'empressent de combler en fonction de leurs seuls soucis et de leurs seules préoccupations ?", s'est interrogé Ali Benflis. Le président du parti Talaie El-Hourriyet, lors d'une rencontre régionale des cadres et militants de son parti tenue dans la matinée d'hier à la maison de la culture Houari-Boumediene de Sétif, s'est montré très pessimiste quant à la situation qui prévaut dans le pays. L'hôte de Sétif a, devant une salle archicomble, indiqué que ce qu'il va dire ne va surprendre personne. "Chacun de vous lit, voit et écoute, et ce qui lui parvient n'augure rien de bon pour notre pays". Et d'ajouter : "Pire encore, l'ancien chef de gouvernement est allé plus loin en s'interrogeant : que peut attendre notre pays de constructif d'une vacance du pouvoir que des forces extraconstitutionnelles, c'est-à-dire des groupes d'intérêt, d'influence et de pression s'empressent de combler en fonction de leurs seuls soucis et de leurs seules préoccupations ?" En effet, Benflis a acerbement critiqué le pouvoir tout en qualifiant la situation d'intenable, voire d'insupportable, et que ce qu'il qualifie de vacance du pouvoir fait tant de mal au pays et ses effets sont décuplés par l'illégitimité des institutions. "L'illégitimité des institutions leur enlève leur nécessaire caractère représentatif, elle alimente le discrédit du politique et de la politique et creuse le fossé entre les gouvernants et les gouvernés tout en rompant l'indispensable lien de confiance entre l'Etat et la société", a-t il souligné. Le président de Talaie El-Hourriyet a saisi l'opportunité de sa sortie dans l'est du pays pour rétorquer au secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, qu'il ne cite pas, et qui s'est fendu tout réce mentd'une critique sévère à l'encontre de l'opposition accusée de menacer la stabilité du pays. "Dès lors, en quoi le fait de demander la relégitimation de nos institutions serait-il une atteinte à la stabilité du pays ? En quoi l'exigence de représentativité de nos institutions serait-elle une menace à la sécurité nationale ? Et aussi, en quoi l'insistance sur la création d'une autorité indépendante pour le contrôle des élections procèderait-elle de donneurs d'ordres étrangers ?" Le membre de la CNLTD a, par ailleurs, rappelé que les revendications de l'opposition nationale ne viennent pas du néant, ne relèvent pas d'un art pervers de la critique pour le seul plaisir de la critique et ne participent pas d'une conception étriquée de l'opposition qui consisterait à être par principe toujours contre le pouvoir politique en place. "L'opposition nationale n'est pas dans cette situation-là car la gouvernance actuelle a atteint de tels niveaux d'imprévoyance, de défaillance et de non-performance qu'elle s'expose d'elle-même aux critiques les plus sévères, aux remises en cause les plus justifiées et aux stigmatisations les plus fondées", a-t-il renchéri pour énumérer, par la suite, une batterie de revendications de l'opposition. Selon Benflis, l'opposition réclame de mettre fin à la vacance du pouvoir, la relégitimation des institutions au moyen d'élections dont serait éloigné l'appareil politico-administratif qualifié de fraudeur tout en demandant une transition démocratique en ouvrant un processus consensuel graduel, ordonné et apaisé. "Ces revendications légitimes de l'opposition nationale ne viennent pas du néant, mais ont leurs sources propres dont le constat que le système politique actuel est archaïque, dépassé et incapable de produire une gouvernance digne du XXIe siècle". À la fin de son discours, M. Benflis a dressé un tableau noir de la situation économique qui prévaut dans le pays depuis la chute du prix du baril de pétrole en disant qu'il y a un grand déséquilibre financier que le gouvernement actuel est incapable de gérer à cause de son illégitimité. F. S.