Des souscripteurs se sont rapprochés de Liberté pour crier leur ras-le-bol. De nombreux pères de famille, des salariés et de jeunes ménages avaient opté, voilà des années, pour l'acquisition d'un logement social participatif, une formule jugée idéale pour prétendre à un toit décent, puisque l'accès au logement social locatif constitue un véritable parcours du combattant. En effet, ce dernier est dévolu aux couches sociales défavorisées et aux commissions d'enquêtes de la daïra qui mettent des années pour publier les listes des bénéficiaires qui sont soumises aux recours. Déterminés à décrocher un logement, des milliers de citoyens ont bradé leurs économies, leurs bijoux en or et leurs véhicules pour verser leur apport personnel aux promoteurs immobiliers qui leur promettent monts et merveilles. Au début des années 2000, l'Etat avait encouragé cette option LSP en accordant une subvention non remboursable de 70 millions de centimes aux candidats intéressés et un abattement de 80% aux promoteurs pour l'achat de l'assiette foncière. Cependant, rares sont les souscripteurs qui ont eu le privilège de recevoir les clés, car beaucoup d'écueils ont entravé cette formule LSP. Les walis successifs ont, maintes fois, visité les chantiers de ces milliers de logements et ont constaté de visu les retards énormes accusés par des dizaines d'entrepreneurs de travaux publics qui invoquent des motifs multiples. Des souscripteurs se sont rapprochés de Liberté pour crier leur ras-le-bol. L'un d'eux affirme : "Nous avons tenu nos engagements financiers et nous attendons en vain depuis 2006 nos logements ! Certains promoteurs réclament indûment des rallonges, des versements non effectués par quelques candidats, parlent de la cherté des matériaux de construction, de difficultés de trésorerie, etc. Nous sommes devenus leurs otages, et des LSP ont été cédés aux plus offrants en dépit des clauses des cahiers des charges !" Des dizaines de souscripteurs ont déjà exposé leurs déboires aux autorités locales en insistant sur le vide juridique relatif au LSP. Un souscripteur d'un LSP implanté dans un R+5 à Bab Annaba, en face de la gare routière, déverse sa colère : "J'attends mon F4 payé rubis sur l'ongle en 2003 ! Le promoteur n'a pas respecté ses engagements et les clauses de la convention ! Chaque fois, il invoque des prétextes fallacieux et nous subissons son diktat. Les appartements sont, certes, achevés, mais ils ne sont pas raccordés au réseau d'eau potable, d'énergie électrique et de gaz naturel et les travaux d'étanchéité n'ont pas été effectués, alors que je suis domicilié au dernier étage. Nous nous sommes ruinés dans la sous-location de logements chez des particuliers à qui nous versons chaque mois 25 000 DA !" Attentives à ces requêtes citoyennes, les autorités locales ont conseillé aux souscripteurs de créer des associations à même de défendre leurs intérêts et d'ester en justice les promoteurs concernés. Elles ont souligné que l'Etat a rempli ses engagements en concédant des subventions et des abattements sur les terrains appelés à abriter les LSP, et elles ont prié ceux qui sont bafoués de s'organiser en saisissant la justice. Elles ont précisé que ces promoteurs immobiliers indélicats seront inscrits sur une liste noire et ne pourront plus soumissionner à des projets sur tout le territoire national. H. B.