Résumé : Nawel passe une bonne partie de la nuit à travailler sur son nouveau feuilleton. Elle repense à l'inconnu de la plage. Auraient-ils entamé une conversation si l'orage ne les avait pas surpris ? Nardjess, sa voisine, était revenue la voir. Elle avait confié ses préoccupations à sa mère. Enfin, la situation commence à se dénouer pour elle. Elle dormit une bonne partie de la journée, lorsque des coups à la porte d'entrée la tirent de son sommeil. Elle jette un coup d'œil à son réveil-matin, et se rend enfin compte qu'elle a dormi les trois quarts de la journée. Elle saute promptement au bas de son lit, et court ouvrir la porte d'entrée. Nardjess souriait de toutes ses dents : -Nawel, je viens t'annoncer une bonne nouvelle. Les cheveux en bataille et les boutons de son pyjama défaits, Nawel baille à se briser les deux mâchoires et met une main sur sa bouche avant de répondre d'une voix entrecoupée : -Je... crois deviner. Ce commerçant est venu demander ta main. -Oui, mais pas seulement. Une de ses sœurs a consenti à l'accompagner. -Ah ! Enfin, ta belle-famille t'accepte. -Non, pas tout à fait. Mais c'est déjà un premier pas pour nous. Mustapha hésitait à venir seul. Ses parents s'opposent toujours à notre union, mais sa sœur aînée s'est révoltée contre leur refus. Après tout, c'est le bonheur de son frère qui compte, leur a-t-elle rétorqué. -Eh bien, c'est tant mieux pour toi. Tes parents sont contents, je présume. -Très contents. Et je suis très heureuse. Tu te rends compte qu'après toutes ces années à attendre en vain un parti qui ne venait pas, je tombe sur un jeune célibataire, qui m'aime et qui ne veut que mon bonheur. -Tu m'en vois heureuse pour toi Nardjess. Fais attention tout de même ! Cet homme est toujours un inconnu. -Un inconnu ?! -Oui. Tu ne le connais pas encore assez. -Nous nous connaissons depuis plus de deux ans. -Entre connaître quelqu'un et vivre avec lui, cela est totalement différent. Tu vas découvrir une nouvelle facette de sa vie. -Une nouvelle facette ? -Je veux dire que tu vas le découvrir davantage en vivant avec lui. La même chose est valable pour lui. Personne ne peut connaître personne, même après de longues années de vie conjugale. Seulement, il faut savoir s'adapter à toutes les situations. Si tu l'aimes, tu accepteras de faire des concessions, et lui de même. Nardjess hoche la tête d'un air sérieux : -Ce que tu racontes là est vrai Nawel. J'ai déjà goûté à l'amère expérience de mon premier mariage. -Alors, prends le temps de mesurer les conséquences de ta décision cette fois-ci. Discute davantage avec Mustapha. Il faut insister sur le fait que tu as deux petits enfants qui ont encore besoin de toi, et que tu ne vas pas t'en séparer quelles que soient les circonstances. -Oui, oui, bien sûr. Mais ma mère se propose de les garder. -Dans un premier temps, cela va de soi. Mais elle aura vite fait de te demander de les récupérer. Alors, ne prends pas, s'il te plaît, les choses à la légère. Nardjess fronce les sourcils et regarde Nawel d'un air curieux : -Comment fais-tu pour deviner tout ça Nawel ? Tu n'es pourtant pas mariée ou mère de famille. Nawel hausse les épaules : -La vie m'a appris beaucoup de choses. Entre autres, ne jamais compter que sur soi-même. -C'est pour ça que tu es toujours célibataire ? -Non. Si je suis encore célibataire, c'est parce qu'un jour, j'ai donné mon cœur à un homme qui l'a tout bonnement brisé. Nardjess écarquille ses yeux : -Toi... Nawel ? -Oui. Pourquoi cette question Nardjess ? Ne suis-je pas une femme moi aussi ? -Si, si. Excuse-moi, tu parais si sûre de toi Nawel, si bien dans ta peau... -Les apparences sont trompeuses ma chérie. Moi aussi j'ai connu l'amour et j'ai souffert. J'ai aimé quelqu'un qui ne le méritait pas. Alors tu vois le résultat : je suis devenue taciturne, mélancolique, et je n'attends plus rien de la vie. Nardjess porte la main à sa bouche : -Qui l'aurait cru ? (À suivre) Y. H.