RESUME : Nawel part de chez ses parents avec le sentiment que c'était sa dernière visite. Elle regrette presque d'avoir mis sa mère au courant. De retour chez elle, elle constate que sa chambre a été ouverte. Rien n'a été touché. Ce soir-là, Hamid lui demande de prendre un congé pour s'occuper de sa mère soi-disant souffrante… Nawel secoue la tête. Elle a encore les avertissements de sa mère. Elle sent un coup fourré. Tout à l'heure, elle a vu sa belle-mère au salon et elle allait bien. Même si elle est vraiment souffrante, elle a sa mère et ses filles pour lui servir de garde-malade. - Pourquoi moi ? l'interroge-t-elle. Elle ne m'aime pas, elle ne me supporte pas. Si je lui donne un verre d'eau et qu'elle sera prise de douleur, elle criera à l'empoisonnement, dit Nawel. Hors de question de rester à son chevet. - Même si je te le demande ? - Oui, répond-elle, décidée à ne pas se laisser faire. Je ne prolongerai pas mon congé. Ta grand-mère et tes sœurs peuvent s'occuper d'elle sans craindre ses foudres. Il faut que tu te mettes en tête que ce n'est pas pour te contrarier. - Je suis contrarié, reprend Hamid. C'est tout ce que je te demande et, toi, tu ne trouves pas mieux que de refuser. Je croyais que cela vous permettrait de vous rapprocher. - C'est impossible, soupire-t-elle. Quand on est arrivés, je les ai salués et la seule à avoir répondu était ta grand-mère. Ne te fais pas d'illusions, ça ne marchera jamais entre nous. Nawel espère qu'il ne lui en voudra pas. D'ailleurs, il n'insiste plus et retourne au salon. La discussion ne l'a pas troublée et elle ne tarde pas à s'endormir. Elle dort si profondément qu'au petit matin, elle n'entend pas le réveil sonner. Hamid est légèrement remonté contre elle. Il part sans la réveiller. Ce sont des bruits venant du salon qui la tirent de son sommeil. En se redressant, instinctivement, elle se tourne vers le réveil. Il est presque huit heures. - Oh non, s'écrie-t-elle en se levant d'un bond du lit et s'habille. Heureusement que j'ai préparé mes affaires hier soir. Nawel voudrait faire sa toilette mais la salle de bains est occupée. Elle retourne à sa chambre, prend son sac à main, ferme la porte à clef et part à son travail, en courant. Elle n'a même pas la chance de trouver un taxi. Elle a une demi-heure de retard quand elle arrive, enfin, à l'atelier. Ses collègues évitent son regard. Elle devine pourquoi. Son responsable vient la voir alors qu'elle n'est pas encore installée devant sa machine. - C'est quoi ce retard ? l'interroge-t-il sèchement. - Cela ne se reproduira plus, promet-elle. Ma belle-mère est souffrante. - Vous l'avez emmenée chez le médecin ? demande-t-il. Où est l'ordonnance ? - Je l'ai laissée à mon mari pour qu'il lui achète ses médicaments, ment-elle sans sourciller. Si vous voulez la voir, je vous l'apporterais ! - Tâchez de ne pas l'oublier. Nawel peut enfin commencer à travailler. Elle est inquiète. Hamid ne l'a pas réveillée. Ce n'est pas dans ses habitudes. Quand elle pense à leur discussion de la veille, elle sent qu'il a très mal pris son refus. Sinon, comment expliquer son comportement ? - Il est fou de croire que j'allais être son infirmière, dit-elle à sa collègue Houda à qui elle a l'habitude de se confier. Tout ce qu'elle fait, c'est pour m'embêter ! - Gare à toi, elle a plus d'un tour dans son sac. Elle va se servir de la sensibilité de son fils pour mettre la pagaille dans ton mariage, l'avertit Houda. Si tu veux un conseil, sois plus conciliante avec ta belle-famille. Fais un effort, tu ne le regretteras pas. Nawel promet d'y réfléchir, même si elle sait qu'elle se sent incapable de tout effort quand il s'agit de sa belle-mère ou de sa belle-famille. (À suivre) A. K. [email protected]