La scène culturelle semble trouver une meilleure vigueur depuis que des associations et des personnes animées de bonne volonté ont décidé de s'emparer de la chose en essayant de canaliser toutes les volontés éprises de culture dans un cadre organisé. Et c'est l'objectif de l'initiative prise par la coordination des associations de quartier de Médéa de tenir au centre des loisirs scientifiques une rencontre autour d'un sujet pour créer ce qui s'apparenterait à un café littéraire. Pour son baptême du feu, la coordination a reçu Toubal Mohamed Halim, co-auteur du livre qui a pour titre L'éprise et le harraz, publié en 2015 aux éditions Tchicou d'impression et de publication. Dans sa présentation liminaire, l'auteur et néanmoins animateur d'émissions à la radio n'a pas manqué de déplorer le peu d'intérêt accordé aux écrivains et poètes de la région, dont certains sont restés jusqu'à nos jours inconnus du grand public, à l'image de Abderrahmane Lamdani qui, lui, a vécu au 18e siècle, et dont la poésie utilisait le langage local. L'animateur fera la distinction entre les genres "zadjel" qui utilise la langue populaire et le "k'cid" qui est construit à partir de la langue arabe littéraire, deux genres qui existent toujours dans nos contrées en Algérie et également dans les autres pays du Maghreb. Parmi ceux qui se sont le plus illustrés dans le genre populaire, l'auteur citera Lakhdar Benkhlouf, Mohamed Ben M'saïb, Mustapha Ben Brahim connus en Algérie et Benabed El-Fassi, entre autres au Maroc. Une plongée dans l'univers de la poésie dite "khsam" (conflit) a aussi été expliquée par l'auteur qui a cité l'exemple des poèmes parlant de "kahla ou beïda" ou "qahoua ou latay" où chacune des rivales mettait en relief sa beauté et les défauts de l'autre. Le poète contemporain Mahboub Stambouli, auteur de plus de 5000 poèmes, fait partie des poètes qui ont maîtrisé plusieurs genres, notamment le genre dit "tarjma" qui décrit un lieu, un endroit, une ville ou parle d'une biographie, etc. Le poète a mis en vers la description de sa ville natale dans un long poème intitulé Zor M'dia Fi Noss N'har (visite Médéa en milieu de journée) où il décrit tous les quartiers situés à la périphérie de la cité, en citant les familles de la banlieue, mais pas du centre-ville. Rentrant dans le détail sur la signification du terme "el-harraz", qui est repris dans de nombreux poèmes populaires et des chansons, l'auteur dira que le poème appartient au genre "tarjma" car traduisant des idées imaginaires. Le harraz signifie le gardien ou le geôlier qui empêche toute personne étrangère à s'approcher du lieu où est enfermée la bien-aimée qui ne peut pas sortir de l'endroit gardé. Le scénario du harrez est bâti sur "l'amour d'un homme pour sa bien-aimée. Un homme riche survient et lui arrachera son rêve de l'épouser. El-harraz, le geôlier riche vivant dans un palais bien surveillé par les vigiles et même les djinns, sera finalement vaincu par l'épris intelligent et habile". Les poètes qui se sont essayé à ce genre d'écriture poétique sont nombreux au Maghreb, mais ils se différencient par le nombre de strophes, variant de 5 à 9 que compte le poème, en fonction de la culture de l'auteur, est-il expliqué. En fait, les scénarios commencent à partir de la 2e strophe du poème et dans les strophes qui suivent, car le début du poème sert généralement à faire une description de l'endroit. M. E.B.