Résumé : Mourad, le futur beau-frère de Nawel, lui offre un livre. Elle était une adepte de la lecture, mais cela faisait des lustres qu'elle n'arrivait plus à se concentrer sur une lecture. Ses crises d'angoisse l'en avaient empêchée, et elle avait même pensé au suicide. Mais maintenant, ça allait un peu mieux. Pour se détendre, elle se rend à la plage et rencontre l'homme de la dernière fois. Il appelle le chien, qui vint tout bonnement se blottir contre ses jambes : -Je m'excuse encore madame pour ce contretemps et vous souhaite une agréable journée. Nawel le suit des yeux, alors qu'il s'éloignait vers le rivage. L'homme avait de la prestance et semblait sûr de lui. Quelque chose en elle pourtant, lui disait, qu'il n'était pas aussi heureux qu'il en donnait l'air. Qui était-il au juste ? Que faisait-il dans la vie ? Avait-il une famille ? Elle secoue la tête. Son âme d'écrivain pouvait imaginer un tas de réponses à toutes ces questions. Un petit vent s'était levé. Elle ramasse ses cheveux sur le sommet de son crâne et les retient avec une pince, puis replonge dans sa lecture. Les gargouillements de son estomac l'empêchèrent pourtant de se concentrer sur son livre. Cette fois-ci, elle n'était pas à la maison, ni en train de travailler sur un feuilleton. L'air marin ouvrait l'appétit, et elle n'hésite pas à plonger la main dans son panier pour retirer un sandwich au concombre et à la tomate qu'elle arrose généreusement d'une vinaigrette à l'ail et au persil. Elle mange tranquillement tout en suivant des yeux les exploits du chien sur la plage. Nabil courait sans se lasser et s'amusait à lui jeter des bouts de roseaux au loin. Le manège durait, et Nawel s'en délectait. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi détendue. Elle termine de manger, et se verse un thé, qu'elle sirote en croquant des petits fours. Tant pis pour le régime. Aujourd'hui, elle ne va pas se priver. Rassasiée, elle s'allonge sur son tapis et admire le bleu azur du ciel qui s'étendait à l'infini. La nature est belle, se dit-elle. Si belle. Si tous les humains savaient apprécier à sa juste valeur, ils n'auraient jamais pensé à semer la haine entre eux. Seul l'amour aurait prévalu. Hélas ! Ce n'était pas le cas. Les gens courent derrière le matériel et oublient leurs principes. Rien ne les arrête plus. Rien. Ils sont devenus plutôt les esclaves d'un monde perfide, où le plus fort avale le plus faible. Elle s'étire et se redresse pour jeter un coup d'œil autour d'elle. Un jeune couple venait d'arriver. Deux enfants les accompagnaient. Certes, ils étaient un peu loin d'elle, mais elle pouvait entendre les cris de joie des deux gosses qui s'amusaient à se poursuivre. Les parents s'installèrent sur des chaises longues pour lire et discuter. Nawel sentit ses yeux s'alourdir. Un bon sommeil s'annonçait. Elle se détendit et s'endormit sans demander son reste. Le rêve n'en finissait pas. Elle était en train de parler à sa défunte grand-mère qui la félicitait pour sa nouvelle vie. Une nouvelle vie ? Qu'est- ce que cela pouvait bien signifier ? Mais la vieille lui souriait et lui présentait ses vœux. Nawel tente encore d'en savoir davantage, mais une lumière vive l'empêche d'ouvrir les yeux. Elle entendit même un bruit sourd et reçut quelques gouttes d'eau sur la tête. Quelqu'un l'interpellait : -Réveillez-vous ! Réveillez-vous madame. Elle put enfin ouvrir les yeux et émerge de son sommeil. Nabil se tenait non loin d'elle. Il tenait son chien par une laisse et portait un petit sac en bandoulière. -Madame, ça va ? Elle se frotte les yeux et se relève d'un bond : -Mon Dieu, j'ai dormi comme une marmotte. -Vous devez être bien fatiguée pour ne pas avoir entendu les grondements de l'orage. -Oui... Je suis épuisée. J'ai du mal à trouver le sommeil ces derniers temps. Elle se hâte de ramasser ses affaires, et il s'agenouille pour l'aider à fermer son sac et à plier son tapis. -Là... J'espère que vous n'avez rien oublié. Elle se lève, prend son sac et met le tapis sous son bras : -Merci monsieur. Sans vous, je serais encore dans les bras de Morphée. Avec cet orage qui ne va pas tarder à éclater, je serai tout bonnement mouillée jusqu'aux os. L'homme la précède vers la sortie de la plage en lançant : -Je crois qu'on devrait nous tutoyer, et nous appeler par nos prénoms. -Vous croyez que cela est convenable ? Nous nous connaissons à peine... -Je crois plutôt qu'on devrait faire plus ample connaissance. Tu ne trouves pas Nawel ? Il avait fait le pas. Il l'avait tutoyée et appelée par son prénom. Elle hésite pourtant à en faire de même : -Je pense que nous sommes encore des étrangers l'un pour l'autre et... -Je voulais justement qu'on ne le soit plus. Ils étaient arrivés devant leurs véhicules respectifs et Nawel ouvrit la malle pour déposer ses affaires : -Je ne sais pas. Nous nous sommes rencontrés deux fois à peine. (À suivre) Y. H.