Le think tank Nabni, "Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées", a présenté, hier, au siège d'Interface Média, la version finale d'un nouveau plan d'urgence ABDA 2016‐2018. Le collectif Nabni met en garde contre le risque de réduire le diagnostic de la situation économique à la seule "crise" induite par la baisse du prix du baril de pétrole. Persister dans cette erreur de diagnostic ne ferait qu'aggraver la situation qui est déjà problématique, à plusieurs niveaux. Le plan ABDA, élaboré autour de dix chantiers d'urgence, démarre d'un constat simple : le statu quo n'est plus soutenable. "Ne rien faire est dangereux", estime Abdelkrim Boudraâ, membre du think tank, indiquant que le Fonds de régulation des recettes (FRR) s'épuiserait en 2017 et les réserves de change fondraient en 2020. Paradoxalement, Nabni parle d'"une formidable opportunité de sauver le navire Algérie du naufrage". Abdelkrim Boudraâ pense que "la crise peut être une chance à saisir", avertissant sur le caractère structurel des problèmes qui nécessite des réponses plus complexes que des ajustements à court terme. "Le plan ABDA répond à cette préoccupation", explique M. Boudraâ, constatant que beaucoup de pays de la région Moyen-Orient Afrique du Nord (Mena) ont réformé leurs politiques de subventions et de dépenses publiques. Le gouvernement algérien, lui aussi, a apporté des réponses à la crise. Mais, Abdelkrim Boudraâ juge que les mesures prises par les pouvoirs ne sont pas à la hauteur de la crise. Le plan ABDA propose, dans sa version finale, une démarche et une série de 10 chantiers prioritaires visant à générer un choc positif pour, enfin, initier la diversification économique, d'engager les finances publiques et le commerce extérieur vers un retour à la soutenabilité et d'améliorer la gouvernance publique. La première urgence pour Nabni est d'arrêter "les dégâts et les gaspillages". Il s'agit d'inverser les décisions qui ont montré leur limite ou leur inefficacité. Sur ce chapitre, Nabni plaide pour la rationalisation des dépenses de l'Etat. Cependant, souligne le think tank, "il ne faut pas faire l'erreur de réduire l'ambition d'investissement", les coupes budgétaires devraient intervenir dans les dépenses de fonctionnement. Nabni plaide pour la mise en place des partenariats public-privé (PPP) pour soulager le budget de l'Etat, dans le respect des règles de gouvernance. Le collectif Nabni propose, également, la réorientation du plan de 13 milliards de dollars de sauvetage des entreprises publiques économiques (EPE). Le think tank revient, aussi, sur l'urgence d'amorcer, la refonte du système de redistribution sociale en lançant un programme de transferts monétaires directs ciblé vers les plus démunis. Dans le même cadre, il propose d'entamer une augmentation progressive et différenciée des biens et services subventionnés. Pour réussir la mise en œuvre d'un tel plan d'urgence, Nabni recommande la mise en place d'une "Delivery Unit", unité spécialisée en charge de la conduite des réformes-clés rattachée à la présidence de la République afin d'assurer une coordination interministérielle efficace, une exécution et un suivi régulier des réformes et un appui aux ministères concernés pour identifier les blocages et les soumettre à l'arbitrage des plus hautes autorités. M.R.