Les Sahraouis, vivants dans les camps de réfugiés de Tindouf ou dans les territoires occupés par le Maroc, ou bien même dans le tiers restant du territoire correspondant aux territoires libérés par le Front Polisario souffrent quotidiennement soit de l'absence de moyens rudimentaires soit de la féroce répression des forces d'occupation marocaines. C'est dans un dossier consacré au Sahara Occidental, à l'occasion du quarantième anniversaire de l'occupation par le Maroc de ce territoire classé autonome par la commission de décolonisation de l'ONU, que le média français Mediapart a dénoncé le silence de la presse de manière générale, et française en particulier, sur ce que subissent les Sahraouis. Où qu'ils se trouvent, les Sahraouis souffrent le martyre. Tout cela car à l'ONU, l'on se contente de faire le minimum quand ce dossier arrive devant le Conseil de sécurité, à savoir renouveler le mandat de la Minurso (mission onusienne) au mois d'avril de chaque année et rien de plus, avec la complicité de Paris et Washington. La conséquence n'est autre que la situation catastrophique dans laquelle est plongé le peuple sahraoui, subissant la double peine. Ainsi, dans les camps de réfugiés en Algérie, c'est "la précarité, la dépendance vis-à-vis de l'aide internationale, l'absence de ressources et de possibilités de développement économique", alors que dans la partie du Sahara occupée par le Maroc, c'est "une répression qui peut aller très loin avec des jeunes, qui sont morts en prison, tel Hassanna Louali à Dakhla en septembre 2014, sans oublier les très nombreuses allégations de torture". L'aide internationale ne suffit pas à Tindouf Les quelque 150 000 personnes, qui vivent dans ces camps de réfugiés, subsistent grâce à l'aide humanitaire internationale, qui ne suffit pas. Et les récentes inondations ont détruit "les habitations de terre, les toiles de tente, et, de manière générale, tout ce qui se trouve à l'intérieur, tels la nourriture, les articles ménagers, les matelas, les vêtements, etc...", selon l'auteur du dossier de Mediapart. Depuis le 16 octobre, des pluies torrentielles frappent les camps de réfugiés sahraouis. Le Croissant-Rouge sahraoui a indiqué que 11 441 familles sont affectées par la destruction totale ou partielle de leur maison ou tente traditionnelle. Donc la souffrance des réfugiés sahraouis s'est accentuée d'autant plus que l'aide internationale se fait rare. Aux appels à la solidarité, le gouvernement italien a annoncé un don d'urgence de 200 000 euros à l'UNHCR, la Commission de l'Union Africaine a fait un don de 200 000 dollars pour soutenir les réfugiés sahraouis, en plus d'une aide d'urgence de la Principauté des Asturies de 50 000 euros. De son côté, le gouvernement central de la province de Valence a annoncé "la somme de 125 000 euros comme aide pour les réfugiés sahraouis touchés par ces récentes inondations". À Madrid, le gouvernement espagnol, "qui s'est débarrassé du Sahara Occidental en novembre 1975, alors qu'il avait la charge de sa décolonisation, en le donnant au Maroc contre quelques revenus du phosphate, et accessoirement à la Mauritanie qui laissera tomber l'affaire dès 1979", aucune réaction. Idem du côté du gouvernement français, principal soutien à la politique d'annexion du Sahara Occidental par le Maroc. En effet, "des armes du temps de Valéry Giscard d'Estaing, aux pressions au Conseil de sécurité du temps de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy", on est arrivé en 2015 à une position française ambiguë avec François Hollande, même si le représentant de la France à l'ONU soutient la proposition marocaine d'autonomie que le royaume veut imposer à la place du droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même. La répression fait rage dans les territoires occupés "Toutes les manifestations, pacifiques, en faveur de l'autodétermination y sont systématiquement et souvent violemment réprimées", écrit l'auteur du dossier de Mediapart. Il indique que "les jeunes, en particulier, sont arrêtés, mis en prison, et ils peuvent y rester des mois sans être jugés. La période actuelle — derniers jours d'octobre et premiers jours de novembre 2015 — est particulièrement tendue ; les sources locales, par les réseaux sociaux, signalent que les villes du Sahara occupé — El-Ayoune, Smara, Boujdour, Dakhla — sont soumises à un véritable état de siège militaire, assorti de descentes dans les maisons et autres traitements brutaux. Une patrouille de police est déployée dans chaque rue, où déambulent également de nombreux membres des forces auxiliaires et des services secrets habillés en civil". Et "pourtant il n'y a jamais eu d'attentat terroriste au Sahara. Les activistes sahraouis luttent uniquement de manière pacifique", ajoute l'auteur, qui révèle que la raison de ce branle-bas de combat n'est autre que la visite annoncée du roi Mohammed VI à El-Ayoune pour prononcer un discours marquant le 40e anniversaire de la "Marche verte". M.T.