La sortie du souverain alaouite, Mohammed VI, à l'occasion de la célébration du 37e anniversaire de l'envahissement - la dite «Marche verte» - du Sahara occidental renseigne sur la «philosophie» de nos voisins de l'Ouest quant aux rapports qu'ils estiment devoir être ceux du Maroc avec l'Algérie. Le roi, évoquant les réfugiés sahraouis en Algérie, parle du «drame enduré par les séquestrés de Tindouf en territoire algérien». En fait, cela renvoie aux vraies séquestrées que sont les populations sahraouies à El Ayoun, à Dakhla, à Smara qui vivent sous le joug de la répression et de l'étouffement de leurs aspirations à la liberté. C'est un peu un miroir déformant que renvoient les propos du souverain chérifien. Ce qui ne l'absout pas des souffrances infligées aux Sahraouis. Car, en fait de drame, c'est bien celui des Sahraouis de l'intérieur - le territoire sahraoui est occupé par une force armée étrangère - qui endurent le martyre dans l'omerta totale. La presse internationale, les ONG, les défenseurs des droits de l'homme et autres représentants des Etats ont le libre accès aux camps de réfugiés de Tindouf. Ce n'est pas le cas au Sahara occidental devenu un mouroir à huis clos et une prison à ciel ouvert où la presse - 19 journalistes étrangers ont été expulsés mercredi dernier d'El Ayoun par les autorités d'occupation marocaines - les ONG et des représentants d'institutions internationales y compris celles de l'ONU, comme le HCR, y sont interdits. On peut tromper les uns quelquefois, on peut tromper le monde quelque temps, mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps (paroles attribuées au président américain Abraham Lincoln).». C'est en fait ce qui est advenu pour le Maroc qui pensait - fort du soutien de certains pays, singulièrement la France - pouvoir imposer ses vues sur la manière de solutionner le contentieux sahraoui. L'impair commis par le Palais royal marocain à l'encontre de l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, déclaré «persona non grata» montre combien le Royaume chérifien a mésusé de ses forces et de sa capacité à dicter au monde ses desiderata. Le retour par la grande porte à Rabat de Christopher Ross - qui, d'emblée, affirma qu'il conduira jusqu'à son terme le dossier de la décolonisation du Sahara occidental - est une véritable mortification pour le souverain alaouite qui pensait pouvoir imposer aux Nations unies les hommes de son choix pour le Sahara occidental. Le Maroc, en particulier son roi, qui a mal digéré la mise au point du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon - qui conforta son envoyé spécial et lui renouvela sa confiance - se tourna vers ce qu'il estimait sans doute être une proie facile: l'Algérie. Que nenni! L'Algérie n'est demandeuse ni dans le dossier sahraoui ni ne revendique des territoires ne lui appartenant pas. Aussi, elle ne se laissera ni marcher sur les pieds, ni subir le diktat de qui que ce soit. Le Maroc que l'ambition de grandeur n'étouffe pas - ses politiciens ne parlent-ils pas «d'empire chérifien» - revendiqua en son temps la Mauritanie, les deux tiers du Sud algérien pour ne citer que ses lubies les plus récentes - a fait fausse route en s'attaquant à l'Algérie. Ce n'est certes pas de cette façon que les frontières de nos deux pays se rouvriront un jour. Ce n'est surtout pas ainsi que la construction de l'Union du Maghreb pourrait s'enclencher et que le Grand Maghreb verra le jour. En fait, l'échec de l'UMA est d'abord à imputer au Maroc qui, au long des années, a fait montre d'appétits sans motivations autre qu'une «grandeur» surfaite. Le Maroc, qui n'a cessé de jouer au «double jeu» en pensant pouvoir encore et toujours abuser la communauté des nations, se trompe gravement de cible et d'objectif. En fait, le Maroc n'aura pas su, surtout, où se trouve son intérêt, pour prendre en main son propre destin sans pour autant plastronner ou nier les droits du peuple sahraoui comme de respecter ses voisins. La démesure n'a jamais été la meilleure politique pour asseoir un voisinage sain et exempt de menaces et autres turpitudes qui n'aident en rien le Maroc à sortir de son sous-développement. Les efforts gaspillés à mater le peuple sahraoui auraient été mieux venus pour le bien-être du peuple marocain. La fuite en avant du roi du Maroc est vaine. Viendra le jour où il faudra bien qu'il rende compte et s'astreigne au respect du droit international et du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.