À l'occasion de la commémoration du déclenchement de notre glorieuse guerre de Libération nationale, nous estimons qu'il est de notre devoir de patriotes algériens d'attirer votre haute attention sur la dégradation du climat général dans notre pays et qui peut être caractérisée principalement par les faits suivants : - Le renoncement à la souveraineté nationale, attribut de I'Indépendance nationale chèrement acquise, par notamment I'abandon du droit de préemption de l'Etat auquel vous avez toujours été âprement attaché. - La déliquescence des institutions de I'Etat à la construction desquelles vous avez tant consenti met en péril les acquis de la nation et affaiblit le front politique et social national, au moment où le niveau des menaces extérieures est si élevé. - La substitution d'un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime, au fonctionnement institutionnel légal en faveur duquel nous connaissons votre engagement. - La grave dégradation de Ia situation économique et sociale qui frappe la majorité du peuple algérien à laquelle sont apportées des réponses inquiétantes de la part des autorités du pays augurant de I'extrême précarisation des plus vulnérables tout en livrant le pays, ses richesses, ses capacités aux prédateurs et aux intérêts étrangers contre lesquels vous avez tant lutté. - L'abandon des cadres algériens livrés à I'arbitraire, aux sanctions partiales, en violation des lois et règlements de Ia République et des procédures légales dans un climat d'oppression que vous haïssez tant. Malheureusement ce tableau triste et alarmant est loin d'être exhaustif... Seuls l'amour et le respect que nous partageons avec vous pour notre pays nous empêchent d'en accentuer le trait. Cependant, nous sommes convaincus que cet état de fait n'est conforme ni à votre qualité de Moudjahed, ni à votre éthique, ni à vos convictions, ni à votre sens de I'Etat, ni à votre pratique de Président. C'est pourquoi nous vous prions, Monsieur le président de la République, de bien vouloir nous recevoir en audience afin de vous faire partager nos profondes inquiétudes quant à I'avenir du pays et de solliciter vos interventions sur l'extrême gravité de la situation. Enfin, loin de toute intention indélicate et dans le vif espoir que vous en preniez connaissance, c'est contraints et forcés que nous rendons publique notre lettre. Le recours à la presse pour vous faire parvenir notre demande d'audience est dicté par notre crainte légitime qu'elle ne vous parvienne jamais par les canaux institutionnels officiels. Veuillez croire, Monsieur le président de la République, en I'expression de notre très respectueuse considération et de notre conviction de partager avec vous un patriotisme désintéressé. Alger, le 1er novembre 2015 Liste des signataires de la lettre demandant audience au président de la République : -Abdelkader Guerroudj, moudjahed, ancien condamné à mort par le pouvoir colonial - Mustapha Fettal, moudjahed, ancien condamné à mort par le pouvoir colonial - Zohra Drif-Bitat, moudjahida, ancienne condamnée à perpétuité par le pouvoir colonial -Lakhdar Bouregaâ, moudjahed, commandant de l'Armée de libération nationale (ALN) - Miriam Benhamza, moudjahida, Fédération de France du FLN (1954-1962) - Mohamed Lemkami, moudjahed, ancien ambassadeur - Rachid Boudjedra, écrivain - Abdel Hamid Aberkane, professeur de médecine, ancien ministre - Louisa Hanoune, ex-candidate à l'élection présidentielle - Khalida Toumi, militante des droits des femmes, ancienne ministre - Fatiha Mentouri, ancienne ministre - Nourredine Benissad, avocat, militant des droits de l'Homme - Zehira Yahi, militante des droits des femmes, cadre de la nation - Rachid Hadj Naceur, cadre de la nation retraité - Dalila Azoug, militante des droits des femmes, chirurgien-dentiste - Badia Sator, militante des droits des femmes, cadre de la nation retraitée - Boudjema Ghechir, avocat, militant des droits de |'Homme - Fettouma Ousliha, comédienne - Samia Zennadi, éditrice.