L'ancien porte-parole et membre de la délégation algérienne aux négociations d'Evian, Rédha Malek, a déploré l'assassinat d'Abane Ramdane, par ses compagnons d'armes. Hier, lors de la conférence-débat organisée par la Fondation Slimane-Amirat, au Palais de la culture, à Alger, et consacrée à la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en relation avec les accords d'Evian, l'ancien chef de gouvernement, répondant à une question d'un des participants, a fait part de ses "grands regrets", quant à la perte de cet "homme de grande valeur", mais sans en dire plus. Rédha Malek a en outre précisé plus loin que les accords conclus avec l'ancien colonisateur prévoyaient que la France abandonnerait ses expériences nucléaires dans le Sahara algérien, au bout de "3 ans", un délai qui n'a finalement pas été respecté. À la question de savoir pourquoi un responsable français, en l'occurrence l'ancien président Sarkozy, a évoqué dernièrement la possibilité de réviser les accords d'Evian et s'il y a, surtout, des dispositions dans lesdits accords qui sont gardées secrètes, l'ex-négociateur a été très explicite, rejetant toute idée de clauses secrètes entre les deux parties. Il y a lieu de souligner que malgré ses 84 ans, le moudjahid Rédha Malek a fait preuve d'une capacité de mémoire étonnante et d'une vivacité qui n'est pas passée inaperçue. Dans son exposé ponctué de pas mal d'anecdotes, l'intervenant, rembourré de sa casquette politique, est revenu sur les circonstances de la création du GPRA, "à mi-chemin entre le 1er novembre 1954 et le 19 mars 1962". Selon lui, le GPRA, qui a vu le jour en pleine lutte du peuple algérien, avait la force de dépasser le pouvoir colonial, en "ressuscitant l'Etat algérien". Cette création a donné des sueurs froides au colonisateur, plus précisément au général de Gaulle, qui était "effrayé par les reconnaissances du GPRA, par les pays arabes et africains". Ce dernier, dira-t-il, avait tout fait pour arracher un cessez-le-feu, avant et pendant la tenue de négociations "sérieuses", après avoir cautionné "l'ultracolonialisme", renouvelé "le personnel militaire" et procédé à des opérations de ratissage de grande envergure. "De Gaulle voulait mettre le paquet et en finir avec la rébellion", a-t-il signalé, mais en rappelant dans le même temps les "arrière-pensées" et même les "notions inacceptables", introduites par les négociateurs français. Rédha Malek a aussi reconnu qu'après la finalisation des accords d'Evian et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, "on a assisté à des situations très dangereuses". "Ce n'étaient pas les accords en tant que tels qui dérangeaient, mais le GPRA", a-t-il déclaré, non sans condamner la "précipitation", voire le "cafouillage" imposé pendant l'été 1962. "Les choses auraient pu marcher de façon plus légale, mais il y a eu précipitation", a-t-il soutenu, tout en notant que la seconde réunion du CNRA, tenue à Tripoli, à la veille de l'Indépendance, "n'a pas pu élire une direction, mais un bureau politique avec Ben Bella et Boumediene". "Le cafouillage a créé une sorte de traumatisme politique, dont nous portons encore les traces", a-t-il révélé, avant d'affirmer que la Révolution devait "se poursuivre" à l'Indépendance. Dit autrement, le processus de parachèvement a été interrompu par les graves événements de l'été 1962. Et après ? H.A.