Un tel montant demeure insignifiant quand on sait que le total de l'argent empruntant le circuit informel avoisine, selon la Banque d'Algérie, les 1 300 milliards de dinars. Même si elle commence à susciter un certain engouement auprès des opérateurs concernés, la bancarisation des fonds informels, lancée depuis août dernier, en est encore à ses premiers balbutiements. Trois mois après son lancement, l'opération n'a pu récolter que la modique somme de 3 milliards de dinars ! Le chiffre a été annoncé hier par le P-DG de la Banque de développement local (BDL), Mohamed Krim. Un tel montant demeure insignifiant quand on sait que le total de l'argent empruntant le circuit informel avoisine, selon les statistiques de la Banque d'Algérie, les 1 300 milliards de dinars. Pis, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a déclaré à l'ouverture des assises du commerce extérieur, organisées en mars dernier, que 3 700 milliards de dinars, soit environ 40 milliards de dollars, passent par le marché parallèle, loin de la sphère bancaire. La lenteur qui caractérise cette action d'envergure dénote clairement le manque d'enthousiasme manifesté par les propriétaires de ces capitaux. Réticence, appréhension, méfiance, manque de confiance... sont autant de sentiments qui envahissent ces derniers et qui les empêchent de "régulariser" leur argent, voire leur situation. "Je les encourage vivement à déposer en toute confiance leurs avoirs dans les banques... non pas parce qu'ils sont obligés de le faire, mais parce qu'ils y trouveront avantage et pourront investir leurs moyens financiers dans le secteur productif", avait affirmé pourtant Abdelmalek Sellal dans son allocution à l'ouverture des travaux de la 18e réunion de la tripartite. Il s'est même engagé pour qu'il n'y ait aucune poursuite judiciaire ni fiscale contre ces acteurs. Cette mise en conformité s'effectuera, a-t-il promis, "à travers des dispositifs simples, transparents et sans implications autres qu'un droit minime dont ils doivent s'acquitter". Cela concerne les personnes physiques non impliquées dans des opérations de blanchiment d'argent ou de financement du terrorisme, qui pourront ainsi transférer leurs capitaux du circuit informel vers celui des banques, contre paiement d'une taxe forfaitaire de 7%. M. Sellal a aussi démenti les rumeurs selon lesquelles l'Etat a pris ses dispositions pour accaparer l'argent du secteur informel. Cet appel lancé par les plus hautes autorités du pays devait, en principe, rasséréner ces citoyens. Non, rien n'y fit. Ces individus restent toujours prudents. Ils appréhendent que la banque envoie une déclaration de soupçon sur l'argent déposé ou que l'administration des impôts procède à la vérification fiscale après la mise en conformité... Ils préfèrent, par conséquent, se donner un temps de réflexion et d'observation avant de se décider. Cela étant, les "banques ont mobilisé tous les moyens nécessaires pour bien mener cette opération de la mise en conformité fiscale volontaire", a déclaré M. Krim, invité hier, en compagnie du P-DG du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Omar Boudieb, du Forum du quotidien El Moujahid. Le P-DG de la BDL a affirmé que les capitaux circulant dans l'informel représentent 26% de la masse monétaire présente sur le marché, alors que l'"objectif fixé est de drainer au moins 10 à 15% de cet argent". Ces montants permettront aux banques de les exploiter pour contribuer dans le financement des entreprises et de l'économie nationale. Le ministre des Finances a indiqué, il y a quelques jours, que l'action se poursuivait avec des résultats satisfaisants. "C'est une bancarisation couplée à une régularisation fiscale", a-t-il précisé. Cet argent issu de l'épargne individuelle ou familiale ou des transactions commerciales licites ou illicites sera utilisé pour des projets d'investissement. Reste à savoir si, d'ici au 31 décembre 2016, date limite fixée pour la fin de l'opération, l'objectif de récupérer près de 15% de ces fonds sera atteint. B. K.