Si ces projets venaient à voir le jour, une bonne partie de nos besoins en médicaments seraient couverts. Le directeur général de l'entreprise pharmaceutique Merinal, Nabil Mellah, énumère , dans une déclaration qu'il nous a faite, les problèmes qui font obstacle à l'investissement pour l'entreprise qu'il dirige. Il explique : "Nos projets immédiats bloqués consistent en une unité de production de formes sèche, liquide et pâteuse, une unité d'anti-cancéreux ainsi qu'une unité de production de FDG, produit indispensable pour l'installation de pet scans ( méthode d'imagerie médicale) en Algérie. D'autres projets en cours de discussion avec des multinationales sont également bloqués, faute de visibilité sur le foncier. Le coût global d'investissement pour ces projets est de l'ordre de 35 à 40 millions d'euros". N. Mellah estime que si on arrive à les réaliser, cela va nous permettre de "couvrir une partie de nos besoins en médicaments notamment dans le domaine du cancer et d'exporter parce que nos capacités de production nous le permettront". "Encore une fois, dit-il, "nous sommes confrontés à un manque total de visibilité", ajoutant que si l'Algérie veut une réelle relance des investissements industriels, "visibilité, transparence et stabilité sont des préalables incontournables". Le directeur général de Mirinal relève qu'au-delà des problématiques que vivent tous les industriels algériens, ou du moins la plupart d'entre eux, et qui nous ont valu la 163e place au classement Doing Business, telles que le foncier, la bureaucratie, l'absence de visibilité, l'instabilité réglementaire, et j'en passe, nous sommes également soumis à d'autres facteurs spécifiques à notre secteur ( la production pharmaceutique). Le premier d'entre eux, note-t-il, est relatif à "l'extrême pauvreté" des textes réglementaires régissant la filière. Pour lui, ces textes comportent parfois même des dispositions "qu'aucun opérateur ne peut respecter en raison de leur inapplicabilité". Le pharmaceutique étant "très sensible", les problèmes liés aux textes de loi "ralentissent" le processus décisionnel et ne permettent pas d'avoir une "visibilité suffisante" dans un secteur où le retour sur investissement ne se fait qu'à moyen terme, Et, parfois même, le vide réglementaire bloque l'investissement, notamment dans les biotechnologies. À cela, nous pouvons ajouter la faiblesse des moyens humains et matériels mis à disposition des services de l'enregistrement, ce qui ralentit sérieusement la "montée en puissance des gammes", ainsi que l'explique Nabil Mellah. De plus, ajoute-t-il, pour les nouvelles molécules, le décalage entre le remboursement et l'enregistrement entraîne parfois "la péremption" des lots industriels de validation, étant donné que, pour ces produits, le remboursement nécessite un délai de "plus de 6 mois". Par ailleurs, poursuit-il, nous ne sommes pas en mesure de "recouvrer" la TVA que nous dépensons hors intrants, étant donné que notre chiffre d'affaires se fait "en hors taxes". Et de souligner qu'il est quand même étonnant que "des importateurs de bonbons puissent récupérer la TVA tandis que nous en sommes privés". Nabil Mellah parle également de la dépréciation du dinar et de ses répercussions sur la branche pharmaceutique. Il relève ainsi que "nous avons eu à subir une énorme dévaluation du dinar, qui, en ce qui concerne notre secteur, ne peut être compensée par une augmentation de nos prix, étant donné que ces derniers sont fixés pour cinq ans au moins et que nous n'arrivons pas à obtenir d'augmentations de prix auprès des services concernés, et ce, même pour des produits dont le prix est figé depuis vingt ans à 27 dinars sortie usine !". Le directeur général de l'entreprise pharmaceutique Merinal, estime important de le souligner : "Tous ces problèmes énoncés ne sont en réalité que des symptômes de la situation que traverse actuellement le pays". Tout est dit ! Y. S.