Malgré une campagne féroce des partis proches du pouvoir, les signataires de la demande d'audience au chef de l'Etat, confortés par l'impact de leur initiative au sein de l'opinion, assurent qu'ils ne renonceront pas à leur démarche. Alors que la présidence de la République n'a toujours pas répondu à leur demande d'audience, "ni par le refus, ni par l'acceptation", près de deux semaines après avoir été déposée, le groupe des "19-3" semble être réconforté dans sa démarche au regard de la virulence de la réaction des partis au pouvoir, notamment du RND et du FLN. L'ancien officier de l'ALN, Lakhdar Bouregâa, la sénatrice Mme Zhor Bitat, l'ex-candidate à la présidentielle Louisa Hanoune et Djillali Guerroudj, délégués par leur pairs pour rendre compte aux médias des discussions de la réunion d'évaluation tenue vendredi au siège du PT, ont exprimé hier, à l'unisson, leur satisfaction de l'impact provoqué chez l'opinion, "un écho considérable", par la lettre qu'ils ont adressée au président Bouteflika. À leurs yeux, la violence de la réaction d'Ahmed Ouyahia et de Saâdani et la campagne féroce contre les signataires relayée par une télé privée, Ennahar en l'occurrence, est symptomatique de l'existence d'un "gouvernement parallèle", des "cercles occultes", "illégitimes" qui "prennent des décisions politiques, économiques et même diplomatiques". "Ils ont confisqué sa parole. Pourquoi s'érigent-ils en tuteurs du Président", s'est emportée louisa Hanoune lors d'une conférence de presse conjointe avec Mme Bitat, Guerroudj et Bouregâa au siège du parti à Alger. "Cette violente campagne est une criminalisation de la pratique politique (...) c'est une grave dérive. Cela traduit une panique, une trouille. Ils ont du foin dans le ventre", a-t-elle ironisé. "Cela nous confirme que le Président n'est pas au courant de tout", ajoute-t-elle encore. "Les réactions politiques du FLN, du RND et du Premier ministre nous ont confortés dans notre démarche", a assuré, pour sa part, Mme Zhor Bitat. Alors qu'ils doutent que le Président "soit au courant de leur demande", et en dépit du retrait des trois, "objet de pressions", les quatre signataires assurent qu'ils ne sont pas prêts à renoncer à leur démarche. "On ne vas pas renoncer. On n'attend le conseil de personne pour bouger. Notre démarche est désintéressée. Nous ne sommes pas des putschistes, ni ne cherchons des postes. On n'est pas des aventuriers non plus. On s'adresse à la plus haute institution du pays. On veut que le Président nous reçoive", martèle Louisa Hanoune qui rappelle au passage que "le Président reçoit bien des délégations étrangères". "Il a un mandat, on s'adresse à lui. On n'aurait pas introduit de demande si on savait que le Président n'avait pas ses facultés", précise-t-elle. Saïd Bouteflika serait-il derrière les décisions prises ? "Quand on discutera avec Bouteflika, on saura tout", affirme Hanoune. Mais elle refuse qu'on présente la démarche comme un chantage au Président. "Le militant politique doit avoir le souffle long. On va attendre", dit-elle, non sans cacher son optimisme que la rencontre ait lieu, à l'inverse d'un Bouregâa sceptique. "Pour ne pas dire que le Président est séquestré, il est sous surveillance", affirme Bouregâa avec une pointe d'humour. À la question relative au retrait des trois, Mme Hanoune a estimé "qu'ils s'attendaient à ce que tout le monde n'allait pas résister". "Mais le train est parti, quand il y a un ou deux qui sautent par la fenêtre, c'est un non-événement" d'autant "que beaucoup de personnes de diverses catégories sociales ont exprimé le souhait de signer et qu'une pétition appelant le Président à recevoir le groupe a été même lancée par des citoyens". Elle assure que ces personnes ont subi diverses pressions, dignes des méthodes de l'ex-parti unique, comme le chantage et la menace. Contrairement aux déclarations de certains responsables, Louisa Hanoune assure que "toutes les décisions de souveraineté économiques ont été abandonnées". "Avec les nouvelles dispositions, même les sociétés israéliennes peuvent investir". "On veut un bilan économique du quatrième mandat", affirme Bouregâa. K.K.