Le garde des Sceaux a précisé que les autorités judiciaires entameront leur nouvelle mission par l'ouverture d'une instruction sur “la spéculation autour des terres agricoles situées à Bouchaoui, qui ont été détournées de leur vocation agricole”. “Le dossier de la spéculation et du trafic des terres agricoles, à l'instar de toutes les autres affaires jugées délicates, sera ouvert comme l'a été le dossier du groupe Khalifa, instruit par la justice en toute liberté”, a déclaré, avant-hier, à la Cour suprême, le ministre de la Justice Tayeb Belaïz. Le garde des Sceaux a précisé que les autorités judiciaires entameront leur nouvelle mission par l'ouverture d'une instruction sur “la spéculation autour des terres agricoles situées à Bouchaoui, qui ont été détournées de leur vocation agricole”. L'affaire a commencé lorsque des titres de la presse nationale, dont Le Matin, ont révélé ces dessous (hiver 2003). Des exploitants agricoles ont été spoliés de leurs terres, officiellement au profit du ministère du tourisme. Les investigations des reporters ont montré, néanmoins, que les véritables bénéficiaires de cette démarche sont des investisseurs originaires des pays du Moyen-Orient et du Golf, qui souhaitent construire des complexes touristiques sur la bande littorale de l'Algérie. L'évocation du nom de Mustapha Hariri, cousin du premier ministre libanais, Rafik Hariri, comme futur propriétaire d'un port de plaisance, d'hôtels et de bungalows à construire sur les terres en question à raison d'un investissement de 200 millions de dollars, a jeté un froid dans les milieux d'initiés. D'autant que le privilège accordé à l'homme d'affaires libanais ne serait concédé que par le chef de l'état, Abdelaziz Bouteflika, lui-même, sous couvert de la Société d'investissement hôtelière, (SIH), mise, au demeurant, sous tutelle de la présidence de la République. évidemment, les desseins réels des pouvoirs publics ont été cachés à l'opinion publique nationale. Il a fallu la publication dans la presse nationale de plusieurs enquêtes sur l'affaire, pour que les algériens comprennent l'enchaînement des évènements qui aurait abouti à la concrétisation du gigantesque projet de M. Hariri. Les raisons, qui ont poussé les membres du Parlement à voter avec une grande célérité une loi portant extension des zones touristiques, sont apparues alors très claires. Avant même la promulgation des décrets d'application de ce texte et sans procéder au préalable au prononcé par la justice des décisions d'expropriation contre les exploitants des terres qui sont encore considérées comme des EAC (Exploitations agricoles collectives), le wali d'Alger a donné instruction pour la réquisition des terres agricoles bordant les plages voisines de la résidence d'état du Club-des-Pins. Argument juridique avancé : article 51 de la loi de finances 1998 qui autorise l'état à reprendre les terres agricoles pour réaliser des projets d'utilité publique. Dès que le pot aux roses fut découvert, les autorités algériennes ont arrêté le train mis en marche. Et voilà que deux ans après, le ministre de la Justice annonce que l'état a décidé de rendre à César ce qui appartient à César, c'est-à-dire les terres agricoles à leurs exploitants originels. à savoir, ensuite, quelles seront les têtes qui tomberont inévitablement au bout de l'enquête diligentée par la justice. S. H.