Résumé : Nassila vint au salon pour se faire coiffer. Elle voulait discuter d'un sujet sérieux avec Ferroudja, mais le lieu ne seyait pas aux confidences. Elle l'invite alors à passer chez elle... La jeune femme repense à son itinéraire dans la grande ville... Elle pouvait remercier la providence... Ses moyens financiers lui permettaient, certes, de manger à sa faim, de vivre un peu mieux qu'avant, mais la plupart de ses économies, elle les remettait à ses parents restés au bled. Que pourrait-elle faire d'autre pour eux si ce n'est leur envoyer, de temps à autre, un peu d'argent, leur rendre visite, et les rassurer sur son compte. Ses jeunes sœurs avaient grandi. L'une d'elles préparait son bac, et elle lui avait promis de la faire venir dans la grande ville si elle le décrochait. En vérité, elle voulait réaliser pour ses sœurs ce qu'elle n'avait pu réaliser pour elle-même : décrocher un diplôme d'études supérieures qui leur permettra de vivre à l'abri du besoin, et surtout dans la dignité. Son itinéraire à elle avait été parsemé d'embûches, mais elle se sentait heureuse d'avoir échappé aux affres de la rue, et d'avoir vécu dignement, en gagnant son pain à la sueur de son front. Elle repense aux filles de sa condition, qui avaient tout bonnement viré dès leur arrivée en ville. Entraînées dans le sillage et les tourbillons du gain facile et de la débauche... Elle se remémorera toujours le passage chez le cousin de son père, et le comportement de l'épouse et des enfants de ce dernier à son égard. La chance avait été de son côté, se dit-elle... Oui, elle avait eu beaucoup de chance en rencontrant une femme de l'envergure de Lla Meriem, qui lui avait tendu la main au moment crucial... Qui sait ce qu'elle serait devenue aujourd'hui si elle n'avait pas rencontré cette femme au grand cœur... Et puis, il y a aussi les filles, Anissa et Nassila, et les garçons, avec qui elle avait fini par faire la paix... Et aussi Farida, Maya, et enfin, il faut aussi le reconnaître, la patronne du salon, qui l'avait hébergée et encouragée à entamer des études et à décrocher un diplôme... À tous ces gens, elle devait une fière chandelle... Tout en coiffant une cliente, Ferroudja se surprend aussi à repenser à Lyes. Savait-il qu'elle travaillait dans un salon de coiffure situé dans le même quartier que son agence ? Ferroudja se rendit compte qu'elle attendait son passage avec impatience tous les matins, derrière le rideau de la grande porte vitrée. Elle avait fini de coiffer la cliente, et s'apprêtait à maquiller une autre... une jeune blonde au teint laiteux. Ferroudja prend sa palette et se met à choisir avec soin les couleurs les plus vives pour donner à ce visage trop pâle un semblant de beauté artificielle qui ne durera que le temps d'une soirée... L'après-midi tirait à sa fin. La jeune fille se donne un coup de peigne et se maquille légèrement, avant de troquer sa blouse contre un pull et un pantalon. Il était temps de se rendre chez Nassila, qui habitait un quartier mitoyen. Elle n'eut aucun mal à respecter son rendez-vous et arrive à l'heure où Malek rentrait de son travail. Nassila lui ouvrit la porte et la précède au salon : -Je suis heureuse que tu sois là... Malek est impatient de te présenter à quelqu'un. Ferroudja fronce les sourcils : -Malek veut me présenter à quelqu'un ? -Oui, un ami à nous... Tu vas voir... Il est adorable... Malek se lève à sa vue et vint tout bonnement l'embrasser : -Ferroudja, sois la bienvenue... Je te présente un ami... L'autre homme se lève à son tour et lui tendit la main : -Bonjour Ferroudja... Comment vas-tu ? Le souffle coupé, la jeune femme n'eut aucun mal à reconnaître Lyes... (À suivre) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.