Le diagnostic des élus a pointé "la multiplication des barrages de contrôle fixes" parmi les principales causes des embouteillages dans la capitale. Stressante, parfois suffocante, déprimante, voire même asphyxiante, sont autant d'épithètes qui revenaient dans les propos des élus de l'APW d'Alger, jeudi, pour décrire les affres de la circulation automobile dans la capitale. Il est vrai que le sujet a mis à contribution l'ensemble des représentants des habitants de la première wilaya du pays lors de cette session consacrée principalement à la crise de la circulation automobile et à la rareté de lieux de stationnement dans l'Algérois. L'enjeu est de cerner les raisons profondes du mal qui ronge les routes à longueur de journée et pointer du doigt les secteurs qui sont responsable de cette catastrophe. Les bouchons ne sont plus limités aux heures de pointe, car cela va même au-delà de 18h et même après 20h dans certains endroits. Que l'on soit en ville ou sur la voie express, c'est ainsi du matin au soir et sans interruption. Et depuis, la notion d'heure de pointe a disparu du glossaire des Algérois. C'est dire que le bouchon n'est plus l'apanage unique du centre-ville puisqu'aucune venelle de la capitale n'échappe aux embouteillages. La présidente de la commission des transports, Mme Bendaikha, n'est pas allée par quatre chemins pour décrire une situation de mobilité urbaine intenable et à la limite de l'intolérable. Les nouvelles routes ainsi que les pénétrantes auxquelles se sont ajoutés la deuxième rocade sud, les nombreuses trémies et tunnels construits ces dernières années n'ont pas produit l'effet escompté, à savoir la fluidité du trafic routier. En effet, ces nouvelles infrastructures routières n'ont fait que déplacer les bouchons d'un point à un autre. En ce sens, la problématique reste entière. Pour la commission des transports, l'état détérioré des routes a amplement contribué à la formation des embouteillages. Les travaux de réfection et d'aménagement engagés d'une manière désordonnée et qui traînent en longueur congestionnent les routes. D'où le constat que nos infrastructures routières ne sont plus en mesure d'accueillir le nombre de plus en plus important de véhicules qui circulent dans la capitale. En effet, les voies d'Alger sont conçues de manière à ne contenir qu'un flux de 162 000 véhicules/jour. Un surplus de 140 000 véhicules Or, ce n'est pas le cas, si l'on prend en compte les chiffres du ministère des Transports, qui précisent qu'Alger accueille entre 7h et 8h du matin plus de 300 000 véhicules par jour, soit un surplus de 140 000 voitures tous tonnages confondu. D'ailleurs, cet excédent est visible sur l'embouteillage géant qui prend forme sur l'autoroute de Dar El-Beïda vers Ben Aknoun. Autre exemple, le nouveau bouchon causé au quotidien par les travaux de la trémie de Djenane Sfari sur la voie rapide vers Blida. Notamment le matin en direction d'Alger, où le bouchon débute du barrage fixe de gendarmerie à Baba Ali jusqu'au chantier en question. Et l'après-midi, à partir de 15h, le bouchon est observé depuis le lieu-dit La Côte, à Bir-Mourad-Rais, jusqu'à Djenane Sfari. Un bouchon de 5 à 6 km où les automobilistes roulent parechoc contre parechoc. C'est dire que cette situation persiste encore, à telle point qu'Alger est en passe de détenir la performance du plus grand bouchon du monde. L'élue d'Alger ne manquera pas de souligner que le centre-ville de la capitale abrite le premier port du pays, ce qui cause d'énormes bouchons. L'infrastructure portuaire accueille, dit-on, chaque jour pas moins de 900 camions de gros tonnage. Ces camions "parés" de leurs longues remorques à conteneur contribuent à la saturation des routes déjà asphyxiés. Pire, la mise en place anarchique de dos-d'âne, et de surcroit sans signalisation, y est pour quelque chose dans la problématique de circulation. Abordant la question de stationnement, l'intervenante rappellera le déficit enregistré en matière de places de stationnement. Ce déficit demeure un autre facteur non négligeable à l'origine des bouchons d'Alger. "Les automobilistes, à défaut de trouver une place pour s'arrêter, passent leur temps à circuler dans tous les sens." La route n'a droit à aucun répit. Il faut savoir aussi que 1 350 000 voitures sont immatriculées à Alger. Tout en saluant les efforts déployés par les services de sécurité pour sécuriser et être au service du citoyen, Mme Bendaikha soulignera que "la multiplication des barrages fixes sur la voie rapide contribue à la création des bouchons." Les rues devenues "propriété privée" Les "parkings sauvages", qui existent dans chaque rue de la capitale, est la seconde problématique soulevée par l'APW. "Pourquoi les autorités compétentes en charge du dossier n'ont pas veillé à l'application des textes de lois promulgués ? Les rues d'Alger sont devenues des propriétés privées." "Il est temps de mettre le holà à cette situation qui frôle l'intolérable. Il est inadmissible de payer 50 DA à quelqu'un qui n'a aucun document qui justifie sa situation de gardien de parking. Son seul document est un gourdin à la main. Pire encore, les services de contrôle laissent faire, aggravant ainsi la situation", dit-elle. Il est vrai que l'impunité a encouragé les jeunes et les moins jeunes à se rabattre sur la "gestion" des parkings créés sur des aires publiques. "Qu'est-ce qui empêche l'autorité de faire appliquer la loi légiférée à cet effet ?" s'est interrogé un membre de l'APW. Et de poursuivre : "C'est uniquement en Algérie qu'on empiète sur le droit des piétons en stationnant sa voiture sur le trottoir sans que l'autorité ne trouve à redire." Et de poursuivre : "Que des repris de justice soient acceptés comme gardiens de parking de nuit et le citoyen accepte le fait." Le président de l'APW, M. Bennour, a enfin rappelé que le débat autour du dossier de la circulation automobile restera ouvert jusqu'à l'application des 81 recommandations de nature à décongestionner et à fluidifier le réseau routier de la capitale. H H.