Qualifiant la nouvelle position de l'Espagne vis-à-vis du conflit sahraoui de “négative”, le président du Polisario demande à Juan Carlos de saisir l'occasion de sa visite au Maroc pour “mettre fin à la profonde blessure dont souffre le peuple sahraoui”. Le roi d'Espagne, qui n'a rien fait pour changer le cours des événements lorsqu'il est monté sur le trône en novembre 1975, doit, selon le président de la Rasd, user de son influence pour infléchir la position du Maroc, notamment en ce qui concerne l'organisation d'un référendum d'autodétermination. “L'Espagne doit jouer un rôle positif dans l'instauration de la paix et de la justice dans le Maghreb arabe, partenaire géostratégique de l'Europe méditerranéenne”, écrit Mohamed Abdelaziz dans sa lettre à Juan Carlos. Il ajoute : “L'Espagne, à travers son souverain, peut assumer un rôle susceptible d'encourager les efforts déployés, à ce jour, par la communauté internationale.” Selon lui, “le développement démocratique et économique du Maghreb ne peut se réaliser sans la reconnaissance totale du droit des peuples à choisir leurs dirigeants.” Il a affirmé que “la responsabilité partagée du drame du Sahara occidental incombe au Maroc et à l'Espagne”. Le président sahraoui n'a pas manqué de relever, avec regret, que le gouvernement de Zapatero a cessé de réclamer l'organisation d'un référendum d'autodétermination, se limitant à assumer un rôle de “facilitateur d'une solution qui satisfasse les deux parties”. Pour rappel, il avait, dans un entretien accordé à notre journal le 20 décembre dernier, accusé le chef du gouvernement espagnol d'encourager le Maroc dans sa politique de rejet du plan onusien de James Baker, qui prévoit un référendum. Mohamed Abdelaziz estime que “la position marocaine à l'égard de la question sahraouie avait sensiblement évolué de manière positive sous le règne de Hassan II, et que des solutions sérieuses ont été trouvées, appuyées par les efforts de James Baker pour mettre un terme à ce conflit”. Il met en garde le roi espagnol contre “le changement de la position marocaine vis-à-vis de la question sahraouie en une position irrationnelle et obstinée qui, si elle persistait, pourrait mener au cumul des problèmes et des questions pressantes internes ainsi qu'à un conflit ouvert”. Il s'agit là d'une menace à peine voilée d'une reprise des hostilités armées, si jamais Mohammed VI poursuit sa politique jusqu'au-boutiste. Enfin, le président du Sahara occidental insiste sur le fait que “tous les peuples de la région, notamment le peuple sahraoui, sont concernés par la stabilité de la région, y compris le Maroc”, et réaffirme “la disponibilité de la Rasd pour peu qu'il y ait un écho, notamment de la part du Maroc, afin que la sécurité et la stabilité de la région ne soient pas consacrées aux dépens des droits fondamentaux”. K. A.