Dans certaines régions du pays, notamment en milieu rural, une règle séculaire fait que les hommes ont uniquement droit à l'héritage. Pour leur part, les femmes en sont exclues en violation flagrante des lois religieuses. Pourtant, comme en Kabylie ou dans le sud du pays, les auteurs de cette injustice (les assemblées villageoises ou djemaâ) constituent une autorité morale, à la foi exacerbée. Néanmoins, cela ne les a pas empêchés d'aller outre la charia et perpétuer la nature patriarcale du tissu social en faisant prévaloir l'intérêt de la tribu et le pouvoir de ses hommes sur celui des femmes. M. Abdelaziz Raslmal, directeur des affaires culturelles au ministère des Affaires religieuses et des Waqfs, voit dans l'héritage un cas typique d'infraction au Livre saint. Bien que éhontée et abusive, une telle transgression n'a guère soulevé de réprobation. Soumises, les femmes cautionnent encore le diktat des “sages” sans faire de vagues. Selon M. Raslmal, la résignation des femmes a une explication anthropologique. “La femme ne revendique pas ses droits par peur de perdre la protection du clan et du reniement”, soutient-il. La députée indépendante, Cherifa Aït-Benameur, appuie ce raisonnement. En milieu rural, où la propriété foncière est le moyen suprême de prolonger l'existence du clan, l'octroi d'une part de la terre à une femme servirait à dilapider le patrimoine commun et le céder à des étrangers. “L'homme est l'unique garant de la filiation. À lui revient donc, le droit de préserver l'héritage”, explique Mme Aït-Benameur. En cas de célibat, de divorce ou de veuvage, la femme peut seulement obtenir le droit d'occuper une chambre dans la maison familiale. S. L.