L'auteur présente la problématique de la mobilisation de la matière grise locale. Il livre ici un plaidoyer pour une meilleure utilisation des compétences. Le vaste chantier des réformes de l'économie nationale dans la perspective de son adaptation à l'économie de marché mondiale induit une demande potentielle importante en matière de conseil et d'expertise. La réalisation des programmes de mise à niveau, de démarche qualité de l'entreprise, d'évaluation liée au programme de privatisation, d'études de marché, d'études technico-économiques des projets d'investissement, le désistement des entreprises de certains métiers secondaires dans le cadre de leur restructuration nécessite une organisation urgente, salutaire des capacités et des compétences nationales en matière de consulting et d'expertise dans ses différents métiers : management, marketing, communication, gestion des ressources humaines, démarche qualité, mise à niveau de l'entreprise, etc. Nous informons l'opinion publique qu'une Association algérienne de consulting et d'expertise existe déjà et compte en son sein une centaine d'adhérents. Elle a été créée en juin 2001. Son siège social est situé actuellement dans les locaux de l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) à Bordj El-Bahri (Alger). L'association est ouverte aux gens de la profession de statut physique ou moral, privé ou public. L'association fait appel à tous ceux qui se reconnaissent dans le métier de consultant et d'expertise de rejoindre ses rangs pour constituer une force de défense des intérêts matériels et immatériels de la profession et d'agir aussi en tant que force de participation à la concertation et de proposition dans le devenir de l'organisation et de la gestion de l'économie nationale. Le marché réservé à une minorité de privilégiés Aujourd'hui, nul n'ignore que chacun vit dans un environnement économique très rude, aggravé par la dispersion des efforts. Tout le monde sait que le marché du conseil est énorme en Algérie, mais son accès n'est possible qu'à une minorité de “privilégiés” nationaux, à des bureaux de consulting publics et à des sociétés étrangères de consulting. Le reste, c'est-à-dire la majorité des consultants privés, organisés en bureaux conseils ou à titre d'indépendants, est totalement exclu de ce marché et les procédures d'accès sont faites de sorte qu'il n'aura, peut-être, jamais l'occasion d'y prendre part. Les capacités et les compétences existent pour assister et accompagner tous les secteurs de l'économie à s'adapter et à se positionner dans le marché transfrontalier auquel l'Algérie a adhéré. Cependant, ces compétences et ces capacités capables d'absorption se sont créées, pour la plupart, surtout dans le privé, dans une période très récente. Les donneurs de marchés exigent de ces prestataires des références et des expériences de suivi qu'ils ne peuvent justifier, car ils n'ont jamais décroché de marché. Ce raisonnement par l'absurde a marginalisé 90% de nos capacités et compétences nationales de consulting. Ce raisonnement par l'absurde est valable aussi pour un diplômé de l'université ou de tout autre organisme de formation qui se présente sur le marché de l'emploi et à qui on demande de justifier d'une expérience dans le domaine. Ce raisonnement élitiste et qui semble persister fera, à la longue, de notre étudiant et de nos capacités et compétences des éternels chômeurs. Il n'est pas, en revanche, absurde de se demander comment les 30 consultants indépendants ou organisés ou Kmpg, Booz, Ernest Young ont fait pour se barder de références et d'expériences de suivi, non sans avoir débuté dans la profession. Une meilleure répartition ou redistribution du marché du consulting et de l'expertise ne peut s'effectuer par l'action d'un seul individu, comme on dit dans le jargon populaire : “Une seule main ne peut applaudir.” L'économie de marché n'a pas d'état d'âme. Pour faire face à I'adversité, à l'isolement, à l'esseulement, la meilleure manière est de lutter ensemble. Il est prouvé que devant les rapports de force, il n'y a que l'union qui fait la force, sinon “klak boubi”. L'association peut constituer une puissance démocratique dans l'encadrement et la transparence du marché, s'imposer dans la qualité des prestations, dans le système des rémunérations, veiller à la déontologie, dénoncer les abus, I'opacité et les passe-droits. Les capacités et compétences de conseil méconnues Les capacités et compétences du conseil aux entreprises sont faiblement connues en Algérie. Comme nous le constatons, et à notre avis, il n'y a jamais eu de réflexion à ce sujet, et pourtant, le débat s'impose avec acuité. Ce débat n'aura de dimension que s'il s'insère dans le cadre de I'association. Il en est de même de la définition du métier de consultant. Dispersion des capacités et des compétences Les services conseils dans les pays européens, au Canada, se sont regroupés unissant ainsi leurs forces et font travailler leurs gens de la profession en partenariat. Il est aberrant qu'en Algérie on se plaise dans la dispersion des capacités et des compétences dans toutes les activités et particulièrement dans le domaine du conseil. Il est primordial d'évaluer et de valoriser ou de revaloriser notre “know how” en Algérie et à l'étranger par des jumelages et des échanges entre associations. Il n'est pas assez de répéter que le secteur du service conseil doit jouer un rôle de premier ordre dans la réalisation du chantier des réformes entreprises par l'Algérie. Cependant, ce rôle dépend nécessairement de la structuration de chacun de la profession dans son organisation légitime qu'est l'Association algérienne de consulting et d'expertise (AACE). A. T.