Un calme précaire régnait hier à la Société nationale du véhicule industriel (SNVI) de Rouiba. L'assemblée générale prévue entre les travailleurs et les dirigeants de l'entreprise, après les émeutes d'avant-hier, a été reportée à dimanche prochain à cause "du refus du P-DG de venir y assister pour répondre à nos préoccupations". On a appris que les 13 travailleurs arrêtés par les forces de l'ordre ont été libérés dans la soirée d'avant-hier. Aussi, les travailleurs ont perçu leurs salaires en fin d'après-midi, mais la quasi-totalité d'entre eux a refusé de reprendre le travail de crainte que le problème ne se reproduise à l'avenir. "Nous ne sommes pas rassurés. Nos responsables n'ont rien fait pour relancer la production et la concrétisation des plans d'investissements octroyés par l'Etat pour moderniser l'entreprise. Nos caisses sont vides", dénoncent des employés de la division du véhicule industriel. D'autres travailleurs accusent les dirigeants du Groupe et les responsables de ses différentes filiales de mauvaise gestion. "Nous demandons le départ du P-DG et de son staff car ils n'ont pas tenu leurs engagements. La semaine dernière, ils nous ont promis que les salaires seront versés à temps et que l'entreprise a bénéficié d'un crédit de 40 milliards de dinars pour sa modernisation. Mais nous ne voyons rien sur le terrain. La plupart d'entre nous viennent à l'usine pour ne rien faire", se désolent-ils. En début d'après-midi, le syndicat de l'entreprise a rendu publique une déclaration par le biais de laquelle il dénonce "l'intervention musclée des forces de l'ordre à l'endroit des travailleurs". "Une intervention caractérisée par un acharnement d'une violence extrême et un sentiment de haine inqualifiable", écrivent-ils. Tout en réitérant leur soutien indéfectible aux travailleurs, les rédacteurs de la déclaration ont exprimé également leur indignation à la suite de "l'intrusion des forces de l'ordre dans l'enceinte de l'usine en poursuivant les travailleurs jusqu'aux ateliers, en blessant plusieurs d'entre eux et en arrêtant d'autres". Le syndicat de l'entreprise a déploré, en outre, "le mensonge et la désinformation pratiquée par certains médias pour détourner, de son objectif réel, l'action purement socioprofessionnelle de nos travailleurs". S'agissant des problèmes que traverse l'entreprise, les syndicalistes ont affirmé que "cette situation statique et inerte a créé chez les travailleurs un sentiment d'abandon qui porte atteinte à leur dignité et à la pérennité de leur emploi et de leur outil de travail". Ce constat alarmant, rappellent-ils, a été dénoncé et porté plusieurs fois à la connaissance des pouvoirs publics à travers leurs écrits et déclarations par l'intermédiaire du patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. Ces démarches salutaires qui ont permis, selon eux, à l'entreprise de bénéficier d'un plan de développement et d'investissement important, mais qui n'ont pu être concrétisées convenablement dans les délais escomptés. Compte tenu de l'urgence de la situation, le syndicat lance un appel pressant aux pouvoirs publics en vue de prendre en charge toutes les inquiétudes des travailleurs du groupe et d'amorcer avec toutes les compétences du groupe SNVI et le partenaire social un débat serein et constructif, pour la relance dans les plus brefs délais de l'activité, afin de garantir le devenir de l'entreprise. M. T.