Elle a décidé d'adresser une lettre au président de la République pour le mettre face à ses responsabilités quant aux "risques" de cette loi de finances. Les scènes de révolte qui ont émaillé la séance plénière de vote du projet de la loi de finances 2016 à l'Assemblée ne vont pas s'estomper de sitôt. Elles constituent, en fait, une première tentative de l'opposition parlementaire pour faire barrage au "coup de force de l'oligarchie pour accaparer toutes les richesses du pays", selon les députés du PT. Ainsi, les principaux animateurs de la campagne de rejet du PLF 2016 se concertent et comptent s'organiser davantage pour mener leur bataille contre "la loi de mise à mort de l'économie nationale". Hier, les travées de la chambre basse du Parlement étaient encore animées par les opposants du PLF 2016. Fermes et décidés, des députés du Parti des travailleurs, du Front des forces socialistes, de l'Alliance de l'Algérie verte et du parti de la Construction nationale se sont réunis pour se concerter sur la suite à donner à leur action de protestation. La réunion a permis aux présents de débattre de la nécessité d'élaborer une feuille de route commune, qui leur permettra de capitaliser cette dynamique et faire bloc contre le PLF. Selon un des députés présents à la réunion, "toutes les propositions pour bloquer le projet ont été mises sur la table". Notre interlocuteur explique que le groupe a interpellé le chef de l'Etat, à travers une lettre ouverte, "pour qu'il ne signe pas le texte", car "il sera le responsable des conséquences de cette loi". Cette proposition, émise déjà par les députés du PT, a finalement eu l'aval des autres formations de l'opposition parlementaire. Il a ajouté qu'il est "prévu d'autres actions de contestation". Interrogée sur la nature de ces actions de protestation qu'ils comptent mener, notre source a indiqué qu'au-delà d'un mouvement à l'intérieur de l'hémicycle, "un mouvement de rue n'est pas à écarter". Avec cette décision, l'opposition s'engage à mettre à contribution le citoyen pour faire barrage au texte validé par la majorité parlementaire. Par ailleurs, les députés présents ont décidé d'interpeller les députés de la chambre haute du Parlement, le Sénat, pour bloquer le texte. "Il est de notre devoir de les mettre au parfum des dangereuses dispositions contenues dans le projet de loi", explique-t-on. Une initiative qui risque de connaître un flop du fait du poids de la majorité au sein du Sénat, mais aussi celui du tiers présidentiel qui ne s'aventurera pas à bloquer une orientation de l'Exécutif, contrairement au projet de loi criminalisant la violence faite aux femmes. L'initiative prise par l'opposition parlementaire pour faire bloc solidaire contre le PLF 2016, en mettant de côté les divergences idéologiques, est inédite et compte s'inscrire dans la durée. Elle rejoint, ainsi, les multiples tentatives de fédérer l'opposition autour d'une "idée" pour peser sur l'échiquier et parvenir à imposer une autre orientation que celle décidée et conçue par un pouvoir qui a dû recourir à des procédés "illégaux" pour faire voter un projet de loi controversé. M. M.