À la veille de l'ouverture de son capital au partenariat étranger, le professionnel de l'engrais et de l'ammoniac présente des atouts face à ses concurrents dans le bassin méditerranéen. Depuis 2001, il a consenti un effort d'investissement de 161 millions de dollars, dont 34 millions en 2004. Avec un chiffre d'affaires qui a doublé en six ans, l'évolution constante de sa production, qui le place parmi les dix premiers producteurs mondiaux d'ammoniac, le groupe est en position de force pour négocier un partenariat qui va lui permettre de consolider sa place face à une concurrence féroce dans le secteur, illustrée en particulier par le regroupement des entreprises à l'échelle mondiale. “Notre intérêt majeur est de ne pas stagner et de nous donner les moyens, à travers un accord de partenariat, de nous déployer et d'augmenter notre part de marché”, déclare le secrétaire général du groupe, M. Abdelatif Sellami. D'autres facteurs tout aussi décisifs interviennent dans cette décision d'ouverture et incitent le groupe à accélérer ses démarches : certains pays de la région offrent des avantages attractifs aux investisseurs potentiels dans ce secteur, et l'augmentation progressive du prix du gaz qui aura, à terme, des répercussions négatives sur les coûts de production. Ouverture du capital, oui, mais par filiales, “cette démarche qui a fait ses preuves est sans aucun doute la plus attractive. Asmidal qui ne dispose pas de ressources pour consentir seule les investissements nécessaires à la pérennité de ses unités et continuer d'évoluer dans un contexte concurrentiel doit rechercher pour ses filiales, à travers des alliances stratégiques, la possibilité de développer et d'utiliser les moyens et opportunités multiples que seul ce partenariat est en mesure de lui procurer”, selon les termes du directoire du groupe. Les objectifs sont tracés : ce partenariat va permettre, pour Fertial et Alzofert (Arzew), qui cumulent un chiffre d'affaires de 13,522 milliards de dinars, de consolider sa position dans la production d'engrais au niveau de la région du bassin méditerranéen et l'augmentation de la capacité de production des unités grâce à la modernisation des équipements, l'augmentation de la part du marché extérieur et la rentabilité des nouveaux investissements. Le poids d'Asmidal est incontestable, et le groupe “dispose assurément d'atouts de nature à favoriser le choix d'un partenaire d'envergure internationale”. Il s'agit de maintenir le cap de la croissance enregistrée depuis 2000, et concrétiser la prétention du groupe d'accéder au rang de groupe industriel à l'échelle mondiale, et qui l'a conduit à réaliser un véritable bond en avant en termes de croissance : 1,662 milliard de dinars de chiffre d'affaires en 2004 (1,571 milliard de dinars en 2003) pour une production globale de 1,300 million de tonnes (1,287 million de tonnes en 2003). Les mêmes sources révèlent un chiffre d'affaires record à l'exportation durant le 1er semestre 2004 : 80 millions de dollars, représentant les 2/3 des réalisations de l'année 2003. De plus, des actions multiples sont engagées dans le domaine de la vente locale et à l'exportation comme la restructuration de la filiale de distribution, le renforcement des organes de gestion, les ventes promotionnelles, etc. Le marché local d'Asmidal (tous produits confondus) est de 38% par rapport à la masse globale des ventes (62%) concernent l'exportation, un résultat qui classe Asmidal en tête des exportateurs hors hydrocarbures, avec 138 millions de dollars en 2004 (en 2002, elle était de 63 millions de dollars). En outre, Asmidal s'est réconciliée avec les associations de l'environnement et en particulier avec l'Anpep (Association nationale pour la protection de l'environnement et de lutte contre la pollution), en appliquant le programme de dépollution du complexe, dont les faits les plus marquants consistaient en l'arrêt des unités d'acide sulfurique et d'acide phosphorique. De leur côté, certains travailleurs interrogés appréhendent cette décision de l'ouverture du capital d'Asmidal. “Nous craignons une éventuelle compression des effectifs, et nous sommes tous inquiets pour le maintien de nos emplois”, déclare un employé de Fertial. “Notre entreprise jouit d'une bonne santé financière, pourquoi ne restons-nous pas en tant qu'entreprise publique ? Nous sommes assez forts pour nous battre seuls”, renchérit un autre travailleur qui ajoute : “Nous sommes presque tous des pères de famille, et nous avons peur pour notre avenir.” Une inquiétude qu'essaient d'estomper les nombreux communiqués d'explication du directoire du groupe dans le but de rassurer ses personnels. Interrogé, le syndicat s'est abstenu de tout commentaire à ce sujet, mais sur le procès-verbal de réunion n°4 du 4 janvier courant dont nous avons pu obtenir une copie, le conseil syndical de la coordination du groupe Asmidal a adopté des résolutions demandant que l'ouverture du capital “doit passer par un appel d'offres national et international”, et que l'offre “doit être globale, regroupant l'ensemble des filiales du groupe Asmidal”, avant de s'interroger : “Le partenariat est-il un passage obligé pour les entreprises qui n'ont pas de difficultés financières, possédant un savoir-faire et maîtrisant les nouvelles technologies ?” Avant de conclure : “Il faut éviter les négociations de gré à gré puisque ces dernières ont abouti à une sous-estimation du patrimoine par rapport aux offres proposées en 2001, malgré les investissements réalisés de 2001 à ce jour.” H. M.