Lors de sa dernière réunion semestrielle à Vienne, vendredi 4 décembre, l'Opep, qui représente environ un tiers du pétrole mondial, a décidé de laisser la situation en l'état, sous la pression notamment de l'Arabie Saoudite. En clair, l'Opep s'est réunie pour ne rien décider. Les producteurs ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la baisse de la production. Conséquence, il y a beaucoup de pétrole sur le marché, ce qui, mécaniquement, fait baisser les prix. Le baril est descendu à 43 dollars, alors qu'il y a un peu plus d'un an, il était encore à 100 dollars. Malgré les appels répétés de certains pays pour une réduction de la production, le résultat obtenu était, néanmoins sans surprise. En effet, les pays du Golfe, soucieux de préserver leurs parts de marché, avaient fait savoir à plusieurs reprises qu'ils n'accepteraient de réduire leur production que si les producteurs extérieurs à l'organisation, comme la Russie, s'engageaient également dans cette voie. De son côté, l'Iran, membre de l'Opep et qui va faire son grand retour sur le marché pétrolier avec la fin des sanctions occidentales, avait également expliqué qu'elle s'opposerait à toute limitation de la production. En somme, la messe était déjà dite bien avant cette réunion. L'Arabie Saoudite, chef de file de l'Opep, se dit ferme sur sa position de refus de toute réduction de la production qui n'aurait pas été préalablement coordonnée avec les pays non-Opep, ce qui vise à l'évidence la Russie. Selon des experts, les pays du Golfe n'accepteront de réduire leur production que si les producteurs extérieurs à l'organisation s'engagent dans cette voie, d'autant que ces derniers sont les principaux responsables de la récente hausse de la production mondiale, d'après un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). La Russie a ainsi pompé de l'or noir comme jamais depuis la chute de l'URSS en octobre et pris la place de première productrice mondiale devant l'Arabie Saoudite, qui reste toutefois la première exportatrice. Moscou ne semble pas prêt à un quelconque compromis car estimant que la déprime du marché est essentiellement imputable à la production excédentaire de l'Opep, qui ne respecte pas son plafond. De toute évidence, l'Opep ne va recevoir aucune aide des pays hors Opep pour réduire la production, et même à l'intérieur de l'Opep, certains membres veulent continuer à augmenter la production, et l'Iran compte sur les autres pays membres pour faire de la place au retour de son pétrole sur le marché. Le plafond théorique de production de l'OPEP, qui a été fixé à 30 millions de barils par jour (mbj) n'est plus respecté depuis longtemps, et les niveaux d'extraction de l'organisation sont actuellement de 32 millions de barils. Afin de compenser la glissade des prix par une hausse des volumes, les pays producteurs font actuellement tourner leurs puits à plein régime. Ce qui aboutit à ajouter encore plus d'offre à un marché déjà en surcapacité d'environ deux millions de barils. Pendant ce temps, le baril coule. En septembre 2015, les analystes de la banque américaine Goldman Sachs avaient surpris tout le monde en évoquant le scénario d'un baril tombant jusqu'à 20 dollars en 2016. Aujourd'hui personne n'entrevoit de remontée à court terme, sauf événement géopolitique majeur. Les experts semblent exclure un rebond significatif des prix du pétrole en 2016, en raison justement d'une offre toujours supérieure à la demande. Une production effrénée Même si les pays membres de l'Opep maintiennent leurs quotas de production à 30 millions de barils par jour, la production de l'organisation a enregistré une progression atteignant les 31,72 mbj. Arabie saoudite : En 2014, l'Arabie saoudite (plus de 35% de la production Opep) a produit 11,5 mbj. Irak : L'Irak, deuxième plus gros acteur de l'Opep, a enregistré un record de production à 4,3 mbj avec une hausse de sa production de 130 000 barils par jour. Iran : L'Iran pourrait écouler quelque 600 000 barils par jour supplémentaires (soit 3,6 millions de barils par jour en tout) en cas de levée de ces sanctions. * Algérie : L'Algérie produit depuis janvier 2009 environ 1,2 mb/j, en conformité avec son quota. * Venezuela Le Venezuela produit trois millions de barils par jour, alors que son quota fixé par l'Opep est de 2,4 millions de barils. * Russie : Hors Opep, la production russe a atteint un niveau record avec 11,12 mbj et devrait rester robuste en 2016, Moscou ne semblant pas prêt à faire des concessions sur sa production.