Les députés contestataires du projet de loi de finances 2016 sont décidément plus que jamais déterminés. En dépit de la tentative d'empêcher leur conférence de presse, en interdisant, vainement, l'accès à l'APN aux journalistes, la pétition devant faire barrage à ce projet de loi tant décrié a été lancée. Matinée houleuse, hier, à l'hémicycle Zighoud-Youcef, à Alger. Il est 10h30, et les journalistes sont toujours interdits d'accès au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN), pour couvrir la conférence de presse des députés contestataires du projet de loi de finances 2016. À l'ordre du jour : le lancement d'une pétition signée déjà par une centaine de parlementaires, dont une vingtaine issue du FLN, pour faire barrage à ce projet de loi. Motif de l'interdiction d'accès aux journalistes : la conférence de presse n'a pas été autorisée par la direction de l'APN. Des fourgons de la police anti-émeutes sont stationnés tout au long de l'Avenue Zighoud-Youcef. Vers 11 heures, les députés pétitionnaires arrivent à l'entrée de l'Assemblée pour faire rentrer de force les représentants de la presse. "Ce sont nos invités et nous avons le droit de les recevoir...", ont-ils insisté. Les agents de sécurité finissent par entendre raison. Une fois à l'intérieur de l'hémicycle, les députés tentent, dans un premier temps, de tenir leur point de presse dans les locaux du groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV). L'espace étant exigu, ils optent pour le grand hall de l'APN, pour faire état, publiquement, du contenu de leur pétition. Mais voilà qu'ils se rendent compte que la salle des conférences qui leur a été pourtant interdite, n'était pas fermée à clef. Ils n'hésitent pas à l'investir. Il est presque 11h30, et au moment où Ramdane Taâzibt, député du Parti des travailleurs, dénonçait "une atteinte à l'immunité parlementaire, à la liberté d'expression et au pluralisme politique", le secrétaire général de l'APN se pointe pour évacuer les journalistes de la salle. "Ce sont nos invités et vous n'êtes qu'un fonctionnaire administratif...", lance le député du PT au SG de l'APN, lequel d'ailleurs a fini par se retirer cinq minutes après. Ramdane Taâzibt entame la lecture du contenu de la pétition : "Nous, députés appartenant à différents partis politiques représentés à l'APN, après le passage en force du projet de loi de finances et du budget 2016, le 30 novembre 2015, au moyen d'un coup d'Etat contre l'institution législative et l'utilisation de procédés anti-démocratiques et immoraux par des parties étrangères à l'APN et mis en œuvre par des sous-traitants au sein même de l'Assemblée (...). Et parce qu'il s'agit du sort de la nation, des institutions de l'Etat et de la souveraineté (...). Nous, députés de l'APN soussignés, décidons ce qui suit : saisir le président de la République pour l'informer des dérives très graves qui ont marqué le processus d'adoption du PLF 2016, des immenses dangers dont il est porteur, ainsi que de son anti-constitutionnalité. Alerter le Conseil constitutionnel sur l'inconstitutionnalité du PLF 2016. Faire une correspondance à nos collègues du Conseil de la nation pour les informer des différentes entorses légales et constitutionnelles qui ont émaillé le PLF 2016". Enfin, il est à signaler que des députés de Taj et du MPA sont signataires de la pétition. Mais c'est le député FLN de la wilaya de Sétif, Nadia Hannachi, qui a le plus étonné par sa contre démarche vis-à-vis de son parti : "Ce projet de loi ne ressemble en aucun cas au président de la République. Je vous informe que j'ai été suspendue du groupe parlementaire du FLN, pour avoir voté contre le PLF 2016. De toute façon, je ne suis pas locatrice chez eux..." M.M.