Si le projet de loi de finances 2016 a fait couler beaucoup d'encre des semaines durant, très peu s'attendaient à une telle résistance le jour du vote. Le président de l'APN, Ould Khelifa, a eu tout le mal du monde à faire régner l'ordre dans l'hémicycle. Récit. Tension, chahuts, incidents, empoignades… l'APN a vécu hier une journée des plus mouvementées. Les partis de l'opposition ont dès le matin, aux alentours de 10h40, donné le ton en investissant le hall de l'hémicycle pour improviser une marche et crier à gorge déployée des slogans hostiles au projet de loi de finances 2016. Le PT, le FFS, l'Alliance de l'Algérie verte ainsi que des députés indépendants ont ainsi vivement contesté un texte de loi qui, à leurs yeux, vient dépouiller le Parlement de toutes ses prérogatives. Allusion faite au fameux article 71 qui donne «les pleins pouvoirs à l'Exécutif» de revoir, geler ou annuler des projets préalablement votés à l'APN. Pancartes en main, les députés contestataires ont scandé des slogans virulents à la face de l'Exécutif, représenté hier par le ministre des Finances Benkhalfa. Déterminés à faire entendre leur voix, les «récalcitrants», après un quart d'heure «révolutionnaire» au hall du Parlement, iront investir la plénière qui s'est ouverte avec près d'une heure de retard. Il est 11 heures lorsque les partis de l'opposition, menés par Ramdane Taazibt, du Parti des travailleurs -on s'y attendait un peu- iront porter la contestation au sein même de la tribune du Parlement. Objectif : bloquer les votes. Chauffés à blanc, ils ont très vite pris possession des lieux pour d'abord réclamer un point d'ordre. Le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, fait mine de les ignorer et invite le rapporteur de la commission des finances à continuer de lire le rapport complémentaire du projet de loi de finances 2016. Rien n'y fait. La détermination des partis contestataires finira par installer à l'hémicycle une situation qui échappe à tout contrôle. Les esprits s'échauffent davantage. Les députés de la majorité, notamment ceux du FLN, commencent à perdre patience devant ce spectacle, s'ensuit alors des échanges verbaux virulents entre les députés de la majorité et ceux de l'opposition. Un vote au forceps Très vite, la situation dégénère et l'on assiste alors à des bagarres qu'on aura du mal à faire cesser. Le spectacle se poursuivra ainsi pendant un peu plus d'une heure devant les yeux du président de l'APN qui a eu tout le mal du monde à apaiser les esprits et remettre de l'ordre dans la «maison». Contestation ou pas, le projet de loi de finances 2016 finira bien par être adopté. Après son vote, les partis de l'opposition quittent l'hémicycle et iront de nouveau improviser un sit-in à l'extérieur de l'APN. Au milieu d'un dispositif de sécurité important, les contestataires scanderont des slogans hostiles au pouvoir tout en critiquant le PLF 2016 qu'ils estiment «antinational». Dans un point de presse improvisé au hall du Parlement à 15h, les partis de l'opposition dont le PT, le FFS et l'Alliance de l'Algérie verte qualifieront le projet de loi de finances 2016 de «honteux», «antinational», et qui, selon eux, ouvre toutes les voies aux sociétés étrangères notamment, pour «spolier toutes les richesses du pays». Ramdane Taazibt du PT reviendra longuement sur l'article 71 pendant que son collègue du FFS, Chafaa Bouaiche, remettra tout simplement en cause l'intégralité du PLF 2016 le jugeant «antisocial». Les députés de l'Alliance verte ne seront pas en reste, puisque ces derniers iront jusqu'à considérer le projet de loi de «haute trahison».