Une action armée contre la république islamique iranienne serait “une erreur stratégique monumentale”, ont averti hier les mollahs. Ne prenant pas très au sérieux une éventuelle attaque militaire US, les dirigeants iraniens estiment qu'il ne s'agit, pour l'instant, que d'une “guerre psychologique” que mène Washington. “La république islamique iranienne est assez forte et a la capacité de se défendre ; nous ne sentons, de ce fait, aucun danger ou menace. Nous ne pensons pas qu'une attaque soit probable, sauf si quelqu'un veut faire une erreur stratégique monumentale”, a cependant déclaré, hier, le porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien, Hamid Assefi. La réaction de Téhéran intervient après que l'option du recours à la force, pour empêcher le régime des Mollahs d'acquérir la bombe atomique, eut été évoqué le 17 janvier dernier par le quotidien US, le New Yorker. Selon ce journal, l'Iran serait la “prochaine cible de la guerre contre le terrorisme”. L'article affirme que des commandos spéciaux américains effectuent des missions secrètes de reconnaissance sur le territoire iranien pour identifier les cibles nucléaires et chimiques à détruire. La réaction du pentagone, qui a critiqué le contenu de l'article, sans toutefois le démentir, n'a fait que donner davantage de crédit à cette option. Pour accentuer la pression sur l'Iran, le vice-président des Etats-Unis a donné une autre dimension à la menace en déclarant qu'il n'était pas exclu qu'Israël attaque les installations nucléaires iraniennes, le premier. “Etant donné que l'Iran a pour politique officielle la destruction d'Israël, les Israéliens pourrait bien décider d'agir les premiers et de laisser le reste du monde s'occuper de réparer les dégâts diplomatiques ensuite”, a affirmé Dick Cheney. Ceci étant, les analystes estiment peu probable une attaque militaire américaine contre l'Iran, dans la conjoncture actuelle. Ayant une grande partie de ses troupes terrestres engagées en Irak, Washington rencontrera beaucoup de difficultés à lancer une autre opération armée contre l'Iran. Des attaques ciblées depuis les porte-avions mouillant dans les mers et océans de la région où par voie aérienne ne sont cependant pas à écarter. L'administration Bush devrait réfléchir par deux fois avant d'agir en raison des problèmes que pourraient créer les Iraniens aux troupes américaines stationnées en Irak et en Afghanistan, deux pays limitrophes de l'Iran. Selon un expert des affaires iraniennes, Anthony Cordesman, Téhéran “réagirait probablement très vivement à tout ce qui pourrait arriver, et cela aurait plus d'effets déstabilisateurs que stabilisants”. En tout état de cause, les Etats-Unis, embourbés en Irak, ne sont pas en mesure de soutenir une autre guerre de terrain en Iran. Un autre expert estime qu'une guerre avec l'Iran “n'a pas de sens d'un point de vue géopolitique”. K. A.