Les parties libyennes ont été invitées hier, à l'issue de la Conférence internationale de Rome, à signer l'accord onusien pour le 16 décembre, comme il a été annoncé vendredi à Tunis par l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Martin Kobler. Les grandes puissances, à leur tête les Etats-Unis et l'Italie qui ont coprésidé cette rencontre, ont insisté sur le respect du texte de cet accord, dont le contenu a été longuement discuté à Skhirat (Maroc), lors des multiples rencontres organisées par l'ancien émissaire onusien Bernardino Leon avec les deux Parlements libyens parallèles de Tripoli (non reconnu) et de Tobrouk (reconnu). Dans le communiqué final, les participants à la rencontre de Rome ont insisté sur la nécessité d'installer le futur gouvernement d'union dans la capitale libyenne Tripoli. Aussi, les initiateurs de la Conférence internationale sur la Libye ont souligné, dans le même texte, l'urgence de mettre fin aux violences armées entre milices interposées et les affrontements tribaux à travers toute la Libye et de signer un cessez-le-feu général. Il a également été demandé aux acteurs de la crise libyenne d'ouvrir des couloirs humanitaires pour l'acheminement de l'aide médicale et alimentaire aux populations isolées, notamment celles vivant dans le sud du pays, où une autre guerre se déroule depuis la chute de l'ancien régime de Tripoli fin 2011, dans le plus grand silence des médias internationaux. Si les représentants libyens à Rome arrivent à s'entendre, ce sera la fin de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI), plus connue sous son acronyme arabe Daech, "et d'autres groupes extrémistes et organisations criminelles engagées dans toutes les formes de contrebande et de trafic, en particulier d'êtres humains", ont indiqué les participants à la conférence de Rome, dans leur communiqué final. Cette nouvelle nébuleuse, qui contrôle une partie des territoires irakien et syrien, a réussi à s'implanter en Libye depuis presque un an et à pu gagner du terrain ces derniers jours, notamment dans le nord-ouest de la Libye, où elle a autoproclamé la création de son califat à Sebratha, une ville balnéaire située à une centaine de kilomètres seulement de la frontière avec la Tunisie. Daech a profité de l'anarchie et de la guerre opposant les deux gouvernements parallèles de Tripoli et de Tobrouk pour asseoir son contrôle dans cette ville où affluent beaucoup de ressortissants tunisiens pour, officiellement, chercher du travail. La ville natale du défunt Mouammar Kadhafi, Syrte, est déjà sous le contrôle total de Daech qui dispose en Libye d'environ 5 000 éléments, dont une partie serait composée de terroristes étrangers, venus de Tunisie, d'Irak et de Syrie, selon les rapports onusiens et les services de renseignements occidentaux. Cela explique en partie la multiplication des pressions internationales sur les acteurs libyens pour aboutir, dans les meilleurs délais, à la conclusion d'un accord final. "Ceux qui sont responsables des violences et ceux qui font obstruction et minent la transition démocratique libyenne devront en payer les conséquences", ont prévenu, par ailleurs, les 17 pays qui ont pris part à la rencontre de Rome — les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, des pays européens et arabes —, ainsi que l'ONU, l'Union européenne, la Ligue arabe et l'Union africaine. L.M.